Les rebelles ont lancé une vaste offensive ce mercredi pour rejoindre la capitale Tripoli. Si les insurgés peuvent compter sur l’aide de l’Otan, ils ont perdu le soutien matériel de la France qui a annoncé mardi la fin des parachutages d’armes aux insurgés libyens.
Les rebelles sont à la conquête de Tripoli. Ils ont lancé une vaste offensive à l’ouest de la Libye pour rallier la capitale. Des échanges de tirs, canons et mortiers ont été menés ce mercredi matin dans le secteur de Goualich, situé à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tripoli. Dans cette attaque prévue depuis plusieurs jours, les rebelles peuvent compter sur l’Otan qui survole la zone de combats sans procéder à des bombardements, mais effectue des repérages, ont-ils indiqué. L’offensive vise à reprendre les villes stratégiques de Bir Al-Ghanam, un carrefour qui permettrait d’être à porter de tirs du bastion gouvernemental, et de Gharyane, où se trouvent les garnisons de l’armée du colonel Mouammar Kadhafi.
La rébellion libyenne avait annoncé dimanche qu’elle préparait un assaut majeur dans les 48 heures pour reprendre les zones perdues au sud de Tripoli. La veille, l’Otan annonçait avoir intensifié ses bombardements dans l’ouest du pays et détruit une cinquantaine d’objectifs militaires durant la semaine. La partie ouest du pays est toujours entre les mains des forces du régime, à l’exception de la région de Misrata et des montagnes berbères du Djebel Nefoussa, d’où a été menée l’offensive.
Les rebelles perdent le soutien matériel de la France
C’est également dans ces montagnes que les rebelles libyens se sont ravitaillés en armes françaises pendant des semaines, a révélé mercredi dernier le quotidien Le Figaro. Cette initiative française a été critiquée par la Grande-Bretagne qui a émis des réserves et la Russie qui l’a vivement condamnée. Gérard Longuet, le ministre français de la Défense a déclaré ce mardi que l’émergence d’ «une organisation politique distincte de celle de Tripoli (…) permet d’établir des relations avec des partenaires extérieurs, y compris lorsqu’il s’agit de s’équiper en auto-défense. Mais cela, ce n’est pas l’affaire de la coalition et ce n’est pas l’affaire de la résolution 1973 », raison pour laquelle Paris met un terme au parachutage d’armes aux rebelles.
Le ministre a par ailleurs semblé douter de la capacité des rebelles à mener une offensive sur Tripoli. « Nous ne sommes pas aujourd’hui dans un système stabilisé, centralisé, obéissant dans toutes ses implications sur le terrain à une autorité unique », a-t-il »affirmé. « Il y a une impatience du CNT (Conseil national de transition, organe de la rebellion) mais cette impatience doit être confrontée à un principe de réalité », a ajouté Gérard Longuet.
Des négociations d’urgence
Sur le plan diplomatique, c’est l’impasse. Le président sud-africain Jacob Zuma a demandé aux rebelles de négocier de « toute urgence » en renonçant à certaines de leurs conditions. « Nous avons demandé l’aide de l’Otan pour convaincre le CNT de renoncer à certaines conditions préalables qui rendent difficile, voire impossible, l’engagement du processus de négociation », a déclaré le chef de l’ État de retour de la Russie, où il a rencontré le président Dmitri Medvedev.
L’accord cadre sur la Libye proposée par l’Union africaine dimanche, qui n’a pas exigé le départ de Mouammar Kadhafi du pouvoir, a été rejeté par le CNT. Afin d’avancer dans les négociations, une quatrième réunion du groupe de contact international sur la Libye doit se tenir le 15 juillet à Istanbul en Turquie. Ce sera également l’occasion d’aborder les problèmes financiers de la rébellion libyenne.