Les nombreuses violations des droits de l’Homme commises par les milices en Libye mettent en péril la sécurité et la stabilité de ce pays, selon un rapport d’Amnesty International. L’organisation dénonce l’apathie des autorités libyennes face à ces agissements, à la veille du premier anniversaire de la révolution libyenne commémoré ce vendredi.
« Le fonctionnement des milices libyennes est en grande partie anarchique et l’impunité générale dont elles bénéficient fait le lit de nouveaux abus et perpétue l’instabilité et l’insécurité », estime Donatella Rovera, conseillère principale sur la réaction aux crises à Amnesty International. L’organisation de défense des droits humains publie ce jeudi un rapport sur les exactions commises par les miliciens.
Leur cible : des partisans présumés du guide déchu Mouammar Kadhafi. Parmi eux, les migrants et immigrés africains qui ont été souvent accusés d’être à la solde du dictateur.
« Depuis septembre, au moins 12 personnes placées en détention par des milices sont mortes à la suite d’actes de torture. Leurs corps étaient couverts d’hématomes, de plaies et d’entailles, et certaines avaient eu les ongles arrachés », indique le communiqué d’Amnesty. De même à Tripoli, Gharyan, Misratah, Syrte, Zawiya et dans les environs, des détenus ont confié avoir subi de multiples tortures. Elles auraient été « suspendues dans des positions contorsionnées, battues des heures durant avec des fouets, des câbles, des tuyaux en plastique, des bâtons, des chaînes et des barres métalliques, et qu’elles avaient reçu des décharges électriques infligées à l’aide de câbles sous tension et d’armes à décharges électriques semblables à des Taser ». Les conclusions de ce rapport reposent sur les témoignages récoltés en janvier et début février 2012 par des délégués d’Amnesty International. Ils se sont rendus dans 11 centres de détention contrôlés par des milices dans le centre et l’ouest de la Libye.
Le CNT invité à ouvrir des enquêtes
Selon Amnesty, les autorités libyennes n’ont pas réagi face à ces crimes.
« Pas une seule enquête digne de ce nom n’a été menée sur les cas de torture, même lorsque des détenus sont morts après avoir été torturés dans des quartiers généraux de milices ou dans des centres d’interrogatoire officiellement ou officieusement reconnus ou liés aux autorités centrales », indique l’organisation. Aussi, Donatella Rovera juge « impératif que les autorités libyennes montrent clairement qu’elles sont déterminées à rompre avec des décennies de violations systématiques, en maîtrisant les milices, en enquêtant sur toutes les violations actuelles et passées, et en poursuivant les responsables – quel que soit leur camp – conformément au droit international ».
Pour Amnesty, les milices qui pratiquent des sévices corporels ne doivent plus être autorisées à incarcérer. Par ailleurs, l’organisation de défense des droits humains souhaite que la totalité des personnes détenues par les miliciens soient, sans délai ,« transférés dans des centres de détention autorisés, placés sous le contrôle du Conseil national de transition. »
Cependant, depuis la chute de Mouammar Kadhafi, le CNT peine à contrôler ces milices dont beaucoup ont contribué à son arrivée au pouvoir. Les Libyens s’apprêtent à célébrer ce vendredi le premier anniversaire de leur révolution.
Le rapport d’Amnesty International Militias threaten hopes for new Libya
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