Les ministres des Affaires étrangères du G8 se rencontrent lundi et mardi à Paris pour se pencher, entre autres, sur la situation en Libye. Chaque jour, les forces loyalistes regagnent du terrain et l’unique issue des insurgés semble être l’appui de la diplomatie internationale. Un soutien entravé par les divergences au sein des pays du G8.
Les huit pays les plus industrialisés du monde se concertent sur l’attitude à adopter face à la crise libyenne. Les ministres des Affaires Etrangères du G8, [[Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Canada, Japon]] sont réunis ce lundi à Paris pour préparer le sommet des chefs d’ États de Deauville qui se tiendra les 26 et 27 mai prochains.
Afin d’arrêter les massacres en Libye, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, souhaite accélérer la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne en Libye, selon France soir. La secrétaire d’ État américaine Hillary Clinton sera de passage pour s’entretenir avec Mahmoud Jibril, chargé des Affaires internationales par le Conseil national de transition (CNT), l’organe représentatif des insurgés libyens. Le Kremlin, plus réticent à une intervention militaire, devrait aussi clarifier sa position. La décision de la Russie, qui dispose d’un droit de véto à l’ONU, sera déterminante pour légitimer toute intervention de la communauté internationale contre le pouvoir libyen.
La contre-offensive continue
Pendant ce temps, sur le terrain, les forces pro-Kadhafi avancent vers Benghazi, la « capitale » des rebelles. Quatre obus sont tombés dans la matinée à 6 km à l’ouest d’Ajdabiya, ville située à seulement 160 km de Benghazi. La contre-offensive continue. L’une après l’autre, l’armée de Kadhafi, soutenue par des mercenaires récupère des localités récemment tombées aux mains des rebelles.
Les forces fidèles à Kadhafi se sont emparées ce samedi du port pétrolier de Ras Lanouf et de la ville d’Al-Uqaila à coups d’artillerie lourde et de raids aériens. Dimanche, une « source militaire » annonçait à la télévision d’Etat que « la ville de Brega (avait) été purgée des bandes armées ». Misrata, une localité sous contrôle des insurgés située à 150 km de Tripoli, est toujours encerclée. Les forces gouvernementales répriment avec brutalité l’opposition y compris dans les zones sous leur contrôle. Selon l’organisation Human Rights Watch, les opposants seraient victimes d’arrestations arbitraires, de disparitions forcées et de tortures. Par ailleurs, l’armée libyenne a annoncé ce lundi, sur les antennes de la télévision nationale, que les soldats qui ont rejoint les insurgés seront « graciés » s’ils se rendent.
Le sort des insurgés dépend de la communauté internationale
Du côté des insurgés, l’inquiétude domine. « Nous avons peur de ce qui va arriver, peur de bombardements », a confié Mohammed Gepsi, un ancien fonctionnaire opposant au régime, rapporte France-soir. Toutes les lignes de téléphonie mobile sont coupées. Les réseaux des opérateurs Libyana et Al-Madar ne fonctionnent plus. Les rebelles fuient vers l’Est du pays. Ils espèrent maintenant l’aide de la communauté internationale. Le Conseil national de transition (CNT) attend ainsi une intervention concrète de la communauté internationale qui l’a reconnu comme un interlocuteur légitime. Le CNT souhaite notamment la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne qui permettrait de mettre fin aux bombardements des forces fidèles à Mouammar Kadhafi.
Cependant, la communauté internationale est partagée sur les sanctions à mener à l’encontre du dirigeant libyen. Les pays européens n’ont pas pris de décisions concrète contre le régime de Khadafi. Ils ont conditionné vendredi toute intervention à « une nécessité démontrée, une base juridique claire et le soutien de la région », rappelle le nouvelobs. Paris et Londres se sont dits disposés à des « frappes ciblées » si le régime libyen fait usage « d’armes chimiques » contre sa population. La semaine dernière, l’UE avait déjà laissé éclater ses divergences sur la question libyenne. Le Luxembourg et l’Allemagne n’avaient pas apprécié l’empressement de la France à reconnaître officiellement le Conseil national de transition (CNT), organe qui représente les insurgés, et se proclame comme le gouvernement légitime de la Libye. Les pays du Golfe ont qualifié jeudi le régime libyen « d’illégitime ». La Ligue arabe, elle, s’est positionné samedi en faveur d’une zone d’exclusion aérienne pour mettre fin aux bombardements de civils. L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) reste ouverte à « toutes les options ».