La pression monte à Tripoli. L’alliance Atlantique a intensifié jeudi soir ses raids sur la capitale libyenne, objectif de l’offensive militaire des insurgés ces derniers jours. De son côté, le régime de Mouammar Kadhafi a proposé un cessez-le-feu. Mercredi, les rebelles ont ouvert trois nouveaux fronts. Ils ont affirmé s’être emparés de la raffinerie de Zawiyah, à l’Est de la capitale Tripoli, d’ Al-Hicha au Sud, et d’Ajaylat dans l’Ouest. Le conseil national de transition, l’organe politique de la rébellion, qui souhaite à terme s’installer à Tripoli, prépare déjà l’après-Kadhafi.
L’alliance atlantique a accru la pression sur la capitale. Plusieurs détonations ont été entendues à l’ouest et au centre de Tripoli, du côté du secteur de la résidence de Mouammar Kadhafi, dans la nuit de jeudi à vendredi. Le dirigeant libyen, qui continue de résister aux assauts de la communauté internationale, reste introuvable. Le chef des rebelles libyens, Moustapha Abdeljalil, se voit déjà célébrer l’Aïd el-Fitr, fête qui marque la fin du ramadan, dans la capitale libyenne, Tripoli. « L’étau se resserre autour de Tripoli, depuis les montagnes de l’Ouest, à Sorman, à Zawiyah et sur le flanc est », a déclaré le président du conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, dans un entretien publié jeudi par le quotidien Asharq al-Awsat. Il a affirmé craindre que la bataille pour le contrôle de Tripoli ne soit « une véritable boucherie au vu du comportement de Kadhafi ». « Kadhafi ne quittera pas facilement le pouvoir, il le fera dans le désastre » a prédit le responsable du CNT. Les insurgés ont réalisé ces derniers jours des progrès considérables sur le terrain après les semaines de statut quo qui ont suivi la vaste offensive lancée le 6 juillet. Forts de ces avancées, les États-Unis, pays membre de la coalition internationale en Libye, ont annoncé mercredi 17 août l’envoi de deux drones supplémentaires -des avions sans pilotes- pour aider les rebelles.
Les insurgés progressent
Les rebelles ont ouvert trois nouveaux fronts aidés des raids aériens de l’Otan depuis mercredi. A l’est de Tripoli, ils ont affirmé avoir pris la raffinerie de Zawiyah, située à une quarantaine de kilomètres de la capitale. Le régime de Tripoli a toutefois démenti l’information. «Sans aucun doute, la raffinerie de Zawiya est sous notre contrôle», a déclaré le Premier ministre Baghdadi Mahmoudi lors d’une conférence de presse jeudi dans la capitale. Les rebelles contrôlent en outre une grande partie de Sabrata qui se trouve, comme Zawiyah, sur une route côtière reliant la Tunisie à Tripoli, servant à approvisionner le régime de Kadhafi. Ils ont lancé une attaque contre la localité d’Al-Hicha située au sud de Misrata et sur la route reliant la capitale à Syrte, bastion militaire du régime et ville natale du colonel Mouammar Kadhafi. Les insurgés ont également ouvert le front d’Ajaylat à l’Ouest de la capitale, tandis que les combats continuent à Brega.
Carte du Nord de la Libye
Le porte-parole du régime libyen Moussa Ibrahim a minimisé les succès militaires des rebelles. « C’est une crise qui ne durera que quelques jours. Et à la fin nous vaincrons, si Dieu le veut » a-t-il déclaré à l’agence de presse officielle Jana. « Nous irons de l’avant et nous libérerons notre pays » a-t-il ajouté. Les loyalistes contrôlent toujours la ville de Zliten, à l’est de la capitale, Ben Jawad et Ras Lanouf.
Le Premier ministre libyen a demandé un cessez-le-feu, en excluant le départ de Mouammar Kadhafi du pouvoir. « Le moment est venu pour un cessez-le-feu immédiat » en Libye, a-t-il indiqué au cours de la conférence. « Nous sommes prêts pour commencer le dialogue immédiatement en vue de mettre fin à cette crise » a-t-il ajouté, précisant toutefois que « le sort de Mouammar Kaddafi ne sera l’objet d’aucune discussion ».
Le CNT prépare l’après-Kadhafi
Le CNT prépare depuis plusieurs jours l’après-Kadhafi. Ses responsables ont rédigé une « une déclaration constitutionnelle », une sorte de feuille de route révélé mercredi par l’AFP. Les responsables du CNT prévoient dans ce document d’une dizaine de pages la mise en place, dès le départ de Mouammar Kadhafi, d’un gouvernement de transition pour assurer les affaires courantes du pays. Ce gouvernement fera place dans un délai de huit mois à une Assemblée élue chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Une fois le « Guide » parti, les responsables du CNT quitteront leur bastion Benghazi pour la capitale Tripoli, est-il écrit dans le document.
Lundi 8 août, le quotidien londonien The Times publiait un mémorandum du CNT sur l’après Kadhafi où les responsables de l’organe de la rébellion prévoyaient de maintenir les infrastructures de l’actuel régime et affirmaient pouvoir compter sur les défections de ses responsables politiques pour assurer la continuité des institutions. Ils pensaient également créer une force opérationnelle composée de 10 000 à 15 000 hommes à Tripoli pour sécuriser la capitale et capturer les partisans de Mouammar Kadhafi.
L’objectif des insurgés est d’atteindre la capitale Tripoli pour y installer un nouveau gouvernement. Reste à savoir si les libyens fêteront l’Aïd el-Fitr avec ou sans Mouammar Kadhafi à la tête du pays.