Après huit ans d’un long calvaire judiciaire, les cinq infirmières et le médecin bulgares accusés d’avoir inoculé le virus du sida à des enfants libyens sont enfin fixés sur leur sort. La plus haute instance judiciaire de Libye a décidé, en dernière instance, de commuer en peine de prison à perpétuité la peine de mort qui leur avait été précédemment infligée.
Par Aurore Assombri
La plus haute instance judiciaire libyenne a décidé mardi, en dernière instance, de commuer en peine de prison à perpétuité
la peine de mort infligée à cinq infirmières et à un médecin bulgares, a-t-on
appris de source officielle. « Le Conseil supérieur (des instances judiciaires libyennes) a décidé de commuer la peine de mort en prison à vie », a indiqué à l’AFP cette source sous couvert de l’anonymat. Tripoli et Sofia étant liées par un accord d’extradition depuis les années 1980, les détenus pourraient purger leur peine dans leur pays d’origine. Toutefois le sort immédiat des six condamnés n’a pas encore été clarifié par la justice libyenne.
La plus haute instance judiciaire libyenne devait trancher cette affaire lundi dans l’affaire des infirmières et du médecin bulgares accusés d’avoir inoculé le virus du sida à plus de 400 enfants libyens de l’hôpital de Benghazi à la fin des années 90. Mais elle ne pouvait se prononcer sans « prendre en considération » un accord d’indemnisation accepté dimanche par les familles de victimes. Un accord par lequel elles abandonnaient la peine de morts contre les accusés, mais qu’elles refusaient de formaliser tant qu’elles n’avaient pas reçu le million de dollars d’indemnisation que devait verser à chacune des victimes.
D’importantes compensations financaires
« Les familles ont reçu leurs chèques dans la nuit (de lundi à mardi) et ont commencé ce matin à retirer l’argent dans les banques », selon le porte-parole des familles, Idriss Lagha, interrogé par l’AFP. Résultat : « Nous avons renoncé à la peine de mort contre les infirmières, après que toutes nos conditions ont été remplies », a annoncé mardi, en fin de journée, Idriss Lagha.
Du coup, l’organe du ministère de la Justice, habilité à commuer en peine de prison ou à annuler la condamnation, a pu examiner le dernier recours des six accusés, détenus en Libye depuis huit ans et condamnés trois fois à mort (2004, 2006 et 2007). En plus de l’accord, dans lequel s’est investie la Fondation Kadhafi, l’instance judiciaire s’est basée sur « une demande de pardon et de clémence » signée samedi par les six détenus et leur « engagement [à] garantir qu’ils n’engageraient pas de poursuites contre l’Etat libyen » pour leur longue détention.
Les compensations financières devraient concerner quelque 460 personnes, dont une vingtaine de mères contaminées par le VIH par leurs enfants. La moitié des victimes avaient reçu les indemnités dans la journée de mardi. Toujours mardi, le ministre bulgare des Affaires Etrangères, Ivailo Kalfin, a annoncé qu’une partie de la dette libyenne pourrait être annulée. Le montant s’élèverait à plus de 400 millions de dollars, soit une somme avoisinant celle des indemnités que doivent recevoir les familles de victimes libyennes. Une façon de ne pas payer directement les familles de victimes, ce qui reviendrait à reconnaître une responsabilité que les infirmières et le médecin nient.