Adoptée le 4 mai par le Parlement libyen, la loi d’exclusion des ex-collaborateurs de Mouammar Kadhafi de toute fonction publique devrait entrer en vigueur ce 5 juin. Votée pour satisfaire les requêtes de groupes armés, elle fait toujours polémique dans le pays.
Les anciens collaborateurs de Kadhafi poussés à la sortie. Une loi adoptée le 5 mai par les députés libyens pour exclure du champ politique tous les ex-collaborateurs de Mouammar Kadhafi devrait entrer en vigueur ce 5 juin. Mais déjà elle suscite l’indignation et l’amertume de nombreux Libyens, menaçant de multiples personnalités politiques, dont des députés et ministres.
La démission mardi 28 mai de Mohamed al-Megaryef, président de l’Assemblée nationale libyenne, a suscité un tollé général. Il est en effet concerné par cette loi pour avoir servi comme ambassadeur sous l’ère Kadhafi. « Tout le monde doit s’assujettir à la loi, par respect de la légalité et de la démocratie et je vais être le premier à me conformer à la loi », a-t-il déclaré devant les députés de l’Assemblée avant de poursuivre : « Je m’en vais la tête haute et la conscience tranquille. Une nation qui n’apprécie pas ceux qui se sont sacrifiés pour elle renie son histoire. La vieille Libye me manque. La Libye qui sait pardonner, la Libye généreuse et unie. Mais elle reviendra ».
Les députés obligés de se prononcer
Sa démission a été largement commentée dans le pays. Ce mardi 4 mai, un questionnaire a été soumis aux députés libyens afin de confirmer si oui ou non ils approuvent cette nouvelle loi d’exclusion. Une loi votée début mai et adoptée par 164 voix contre 4. Selon Omar Hemidan, porte-parole du Parlement libyen, les députés devront répondre par oui ou non, en cochant la réponse adéquate. Il ajoute que tout représentant politique refusant de remplir le questionnaire ou transmettant de fausses informations sera soumis à des poursuites judiciaires.
A qui profite la loi ?
Pour le moment, il est difficile de dire avec exactitude à qui va profiter cette nouvelle législation, mais le parti des Frères musulmans libyens commence à se frotter les mains. De nombreux députés de l’Alliance des forces nationales, la coalition dirigée par Mahmoud Djibril, qui a obtenu la majorité des siège lors des législatives du 7 juillet dernier, sont aussi menacés d’exclusion de la vie politique. Ils devraient être écartés par la loi et remplacés par ceux issus du parti Justice et construction, affilié aux Frères Musulmans. Ce qui basculera l’équilibre parlementaire en faveur des Frères musulmans. Mais là également un obstacle se pose. Les figures islamistes qui avaient collaboré avec Seif al-Islam Kadhafi, le fils du défunt leader libyen Mouammar Kadhafi, à la fin des années 2000, devront aussi être écartés du pouvoir.
La loi qui a été entérinée par le Parlement libyen est le fruit d’un combat mené par des milices armées au début du mois de mai. Des milices qui avaient pris d’assaut des ministres dont celui des Affaires étrangères et celui de la Défense pour exiger le départ de fonctionnaires ayant occupé des postes sous le règne de Mouammar Kadhafi.
Sitôt promulguée, la loi entrée en vigueur est déjà critiquée par les médias arabes. Dans un article publié ce 3 mai, le site Alabiya.net parle d’abus et déplore l’écartement (par cette loi) de grandes figures ayant effectué de gros sacrifices pour le bien du peuple libyen.