« Il y a eu une politique de viols en Libye ». Luis Moreno-Ocampo, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), est catégorique. Les enquêteurs ont des preuves que le Guide libyen, Mouammar Kadhafi, a lui même ordonné ces viols pour « punir » les rebelles, a déclaré le magistrat mercredi. Il aurait pour cela distribué massivement des stimulants sexuels de type Viagra à ses soldats. Une enquête est en cour.
Viol de masse. Les soldats et mercenaires du colonel Kadhafi en auraient fait usage durant le conflit qui oppose le Guide de la révolution aux insurgés libyens. Luis Moreno-Ocampo, le procureur de la Cour pénale Internationale (CPI) a déclaré mercredi qu’il détient des informations « sur le fait que Kadhafi a décidé lui-même » de ces viols en série. « Nous avions des doutes au début, mais maintenant nous sommes convaincus qu’il a décidé de punir en utilisant les viols », a dit le procureur en référence au leader libyen. Des centaines de femmes dans certaines régions du pays seraient concernées par ces violences sexuelles.
« Une politique de viol »
Pour Luis Moreno-Ocampo, «il y a eu une politique de viols en Libye ». Le procureur estime quedans ce pays, « le viol est une nouvelle forme de répression ».Il déclare que des témoins ont confirmé que le gouvernement libyen achetait des « containers entiers » de stimulants sexuels de type viagra à ses soldats « pour augmenter la possibilité de violer des femmes ». L’accusation de viol par les forces de Mouammar Kadhafi n’est pas nouvelle. Susan Rice, l’ambassadrice américaine des Nations Unies affirmait en avril que les hommes du guide libyen étaient alimentés en Viagra.
L’opinion internationale avait été alertée de cette dérive lorsque Iman al-Obeidi, une libyenne de 29 ans, a surgi le 26 mars à l’hôtel Rixos à Tripoli, où séjournent les journalistes de la presse internationale, pour raconter le calvaire qu’elle a subi. Elle a affirmé avoir été arrêtée, torturée et violée pendant plusieurs jours par les hommes de Kadhafi parce qu’elle venait de Benghazi, fief de l’opposition.
Suite à ses déclarations à la presse internationale, Iman al-Obeidi a été arrêtée par la police libyenne qui l’a envoyée début mai au Qatar. Elle a après été expulsée du Qatar vers Benghazi, à l’est de la Libye. La jeune femme a quitté son pays d’origine car elle craignait pour sa vie. Elle est actuellement dans un centre de réfugiés en Roumanie.
Mandat d’arrêt contre Mouammar Kadhafi
Luis Moreno-Ocampo a lancé en mai dernier un mandat d’arrêt contre le leader libyen, son fils Seïf Al Islam et le chef des renseignements Abdoullah Al-Senoussi pour crimes contre l’humanité. Ils font l’objet des chefs d’accusation de meurtre et de persécution auquel devrait s’ajouter le viol. Les trois dirigeants sont tenus pour principaux responsables d’attaques de civils au début du soulèvement populaire en février qui a fait entre 500 et 700 morts. Le gouvernement libyen ne reconnait pas la Cour Pénale Internationale (CPI) .
Les déclarations du procureur de la CPI interviennent après que le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a affirmé à Bruxelles que l’Alliance continuerait son opération en Libye « aussi longtemps qu’il le faudra» pour vaincre les troupes de Mouammar Kadhafi. Anders Fogh Rasmussen a déclaré que la coalition va préparer l’avenir du pays sans le Colonel Kadhafi, mais s’engage à n’envoyer aucune troupe sur le sol libyen après la fin du conflit.
Le chef d’état-major interarmées américain, l’amiral Mike Mullen a décrit lors de sa visite au Caire mercredi les progrès de la coalition en Libye comme « très lent ». Il a également déclaré que ce serait un challenge pour quiconque de savoir quand le colonel Kadhafi quitterait le pouvoir. Une vingtaine de ministres des Affaires étrangères participent ce jeudi à Abou Dhabi, capitale des Emirats Arabes unis, à la réunion du Groupe de contact sur la Libye. Ils débattent sur les moyens de l’aide financière à accorder au Conseil national de transition (CNT), organe qui représente les rebelles. Des rebelles qui peinent à progresser sur le terrain face aux forces du colonel Kadhafi.