Le Premier ministre libyen Abdallah al Thinni, dont le gouvernement est reconnu à l’international, a annoncé sa démission, mardi, soir à la télévision.
Le Premier ministre libyen Abdallah al Thinni a annoncé sa démission dans une émission télévisée diffusée, mardi soir, sur la chaîne privée Libya Channel. « Je démissionne officiellement et soumettrai ma démission, dimanche, à la Chambre des représentants », a déclaré le chef du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale. Pendant son interview, Abdallah al Thinni a été confronté à une série de questions de téléspectateurs critiquant son action. Sa riposte ne s’est pas faite attendre : « Les gens n’ont pas besoin de protester contre moi car je démissionne officiellement de mon poste ».
Depuis août 2014, le gouvernement Thinni a été contraint de fuir la capitale, Tripoli, prise par des milices regroupées dans la coalition armée Fajr Libya (Aube de la Libye). Cette dernière s’est emparée de la capitale et a formé son propre gouvernement qui n’est pas reconnu par la communauté internationale. Exilé à Baïda, les ministres du désormais ex-chef du gouvernement, installés dans les hôtels de la ville, n’ont guère réussi à changer la vie quotidienne pour les habitants, qui se plaignent des pénuries de carburant ou de médicaments dans les hôpitaux et de l’insécurité croissante, selon Reuters.
La Libye livrée à son sort
Depuis la chute de l’ancien leader libyen Mouammar Kadhafi, la Libye vit dans un véritable chaos. Dans le pays, les armes circulent toujours aisément. Des groupes armés s’affrontent régulièrement pour le contrôle des points stratégiques. Sans compter que l’organisation de l’Etat islamique est aussi présente dans le pays, et y a même installé quelques bases. Une situation qui préoccupe les pays voisins de la Libye tels que l’Egypte, l’Algérie et la Tunisie. Le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a, à plusieurs reprises, appelé la communauté internationale à agir en Libye pour mettre un terme à l’insécurité dans le pays devenu incontrôlable.
Il faut dire que la chute de Mouammar Kadhadi, dont le régime a été combattu par l’OTAN, une opération dirigée par l’ex-Président français Nicolas Sarkozy, a eu de lourdes conséquences sur le continent. Elle a été notamment le résultat de la prise du nord-Mali par des groupes armés, constitués en grande partie des Touaregs qui ont fui la Libye pour rentrer chez eux. Le nombre toujours plus croissant de migrants qui affluent sur les côtes européennes est aussi une des conséquences de la chute du régime libyen. L’ancien dirigeant de la Libye, tué durant le conflit dans sa ville natale, Syrte, en octobre 2011, qui avait en effet signé des accords avec l’Italie, faisait office de gendarme pour empêcher les migrants de passer par la Libye dans le but dese rendre sur les côtes italiennes, qui leur ouvrent les portes de l’Europe.
De nombreux observateurs ont dénoncé le fait que la Libye ait été livrée à elle-même après l’intervention des troupes de l’OTAN. Dans un virulent discours, lors du sommet de la Sécurité et de la paix pour l’Afrique à Dakar, en octobre 2014, le Président tchadien Idriss Deby évoquait ironiquement « le service après-vente qui n’avait pas été assuré par les troupes de l’OTAN ». Une phrase qui avait largement été reprise par les médias internationaux.