L’ex-général Khalifa Haftar a demandé mercredi la suspension du Congrès général national (CGN), entreprise qualifiée de « coup d’Etat » par le Premier ministre libyen, Ahmed Maitiq. Bien qu’ayant reçu des soutiens, il a aussi beaucoup de détracteurs qui lui reprochent notamment d’avoir travaillé pour la CIA dans les années 80.
Ce n’est pas la première fois que l’ancien chef d’état-major de l’armée libyenne, Khalifa Haftar, nommé après la chute de Kadhafi, tente de suspendre le Congrès général national (CGN). Il avait fait une annonce de ce type, en février dernier. Cet ex-général a débarqué en Libye en 2011 à la faveur des combats qui opposaient les rebelles aux forces loyalistes d’alors du « guide ». Il est arrivé en provenance de Langley, ville où siège la CIA, dans l’est des Etats-Unis, où il vit depuis 20 ans. Il a ainsi combattu pour l’agence de renseignement américaine contre Mouammar Kadhafi dans les années 80.
La « force Haftar »
Khalifa Haftar est un ancien général de l’armée de Kadhafi pour qui il combat au Tchad, où il est fait prisonnier en 1987, au cours de la bataille de Ouadi-Doum. C’est là qu’il passe du côté américain qui le « retourne » et le place à la tête de la « force Haftar », composée de 2 000 hommes qui tentent de renverser le « guide » libyen. Equipés par les Etats-Unis, ces mercenaires basés au Tchad ont l’objectif d’envahir la Libye.
La situation se complique en 1990 quand Idriss Déby s’empare du pouvoir et chasse Hissène Habré. Soumis à de fortes pressions de Mouammar Kadhafi, le nouvel homme fort à N’Djamena veut capturer l’ex-général pour le livrer à son nouvel allié. Khalifa Haftar se fait alors ex-filtrer en urgence par les Américains qui organisent un pont aérien passant par le Nigeria et le Zaïre. Considéré comme « l’homme des Américains », il fait son retour en Libye, contre toute attente, et rejoint officiellement le général Younès, assassiné par la suite, à la tête des forces rebelles.
La tentative de prise du pouvoir de l’ancien militaire est accueillie avec beaucoup de méfiance, même de la part de ceux qui s’opposent aux islamistes. Les autorités libyennes ont condamné une « tentative de coup d’Etat », alors que les Etats-Unis, de leur côté, ont prudemment affirmé ni approuver ni soutenir « les actions conduites sur le terrain », rapporte Xinhua.