Libye : le Croissant-Rouge accuse l’ONU de gonfler les chiffres à Derna


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Vue de la ville de Derna, en Libye
Vue de la ville de Derna, en Libye

Le Croissant-Rouge libyen a démenti le bilan de 11 300 morts suite aux inondations de Derna. Des chiffres que lui a attribués le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

C’est une véritable dissonance en Libye ! Une tempête des chiffres après le passage de la tempête Daniel, ayant ravagé une partie de la ville de Derna. Samedi, faisant le point de la situation, l’ONU a avancé de gros chiffres. Tout en donnant comme sources la Croissant-Rouge libyen. « Selon le Croissant-Rouge libyen, ces inondations sans précédent ont fait environ 11 300 morts et 10 100 disparus dans la seule ville de Derna ».

Le Croissant-Rouge dément l’ONU

C’est qu’a annoncé le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA). « Ces chiffres devraient augmenter, alors que les équipes de recherche et de sauvetage travaillent sans relâche », poursuit l’ONU. Toujours selon le Bureau des Nations Unies, les inondations ont causé au moins 170 morts dans d’autres endroits de l’Est de la Libye. Une compilation de chiffres non validée par le Croissant-Rouge de la Libye.

Et ce dimanche 17 septembre, moins de 24 heures après les déclarations de l’ONU, l’institution a sorti un cinglant démenti. « Nous nous étonnons de voir notre nom mêlé à ces chiffres. Ils ajoutent à la confusion, à la détresse des familles des disparus », a déploré Taoufik Chokri. Depuis Benghazi où il s’est entretenu avec l’AFP, le porte-parole du Croissant-Rouge libyen dégage toute sa responsabilité quant aux chiffres avancés par l’ONU.

3958 morts, plus de 9000 disparus, selon l’OMS

Samedi, l’Organisation mondiale de la Santé a indiqué que les corps de 3 958 personnes avaient été retrouvés et identifiés. L’OMS avait, en outre, fait savoir que « plus de 9 000 personnes » étaient toujours portées disparues. Des chiffres de loin différents de ceux que le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU a avancés. Samedi soir, le ministre de la Santé de l’administration de l’Est de la Libye, Othman Abdeljalil, avait fait état d’un bilan de 3 252 morts.

Dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 septembre, la tempête Daniel a frappé Derna, une ville de 100 000 habitants. Elle a entraîné la rupture de deux barrages, provoquant une crue de l’ampleur d’un tsunami. Notons que l’OMS a indiqué avoir envoyé 29 tonnes de matériel médical en Libye. Ce, pour « couvrir les besoins de près de 250 000 personnes » dans le pays. Une aide médicale qui est « arrivée, samedi, à Benghazi ».

Au moins 55 enfants empoissés à Dena

Cette aide comprend entre autres des médicaments essentiels et des fournitures de chirurgie d’urgence, indique l’OMS. De même, elle contient des « sacs mortuaires permettant le déplacement des corps et une inhumation digne » des défunts. L’OCHA a alerté que la situation humanitaire est « particulièrement sombre à Derna ». Le Bureau de l’ONU a, en outre, indiqué que la ville manque d’eau potable. Et qu’au moins 55 enfants ont été empoisonnés après avoir bu de l’eau polluée.

Jeudi, le chef de la Mission de soutien des Nations Unies en Libye, a alerté que le pays n’est pas en mesure de faire face, tout seul, aux répercussions de l’ouragan Daniel. « L’ampleur des pertes et des dégâts causés par l’ouragan dépasse ce que nous pouvons imaginer », a déclaré Abdoulaye Bathily. « La Libye ne peut pas faire face à cette crise toute seule », a ajouté le responsable onusien.

12 mois d’état d’urgence à Derna

Samedi, l’état d’urgence a été déclaré pour 12 mois, dans toutes les régions sinistrées par les inondations la tempête. L’annonce a été faite par le Centre de contrôle des maladies. Cette mesure, précise Haider al-Sayeh, « vise à prévenir toute éventuelle propagation des maladies ». Le directeur du centre, a indiqué que « le nombre de cas d’intoxication par l’eau potable à Derna est passé à 150 ».

« En raison du mélange de l’eau potable avec les eaux usées », le responsable a alerté que « l’eau potable à Derna n’est pas propre à la consommation ». Non sans appeler les populations à recourir à d’autres sources. De son côté, le directeur du centre médical al-Bayda, Abdul Rahim Maziq, a mis en garde contre une catastrophe environnementale dans l’Est de la Libye. Ce, en raison de la décomposition des corps sans vie.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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