Seïf al-Islam, le deuxième fils de Mouammar Kadhafi, a affirmé dans un entretien accordé au journal arabophone algérien El Khabar, publié ce lundi, que la France négocierait directement avec le régime pour trouver une issue à la crise. Paris a laissé entendre dimanche que l’intervention de l’OTAN pourrait prendre fin à condition qu’un dialogue entre Tripoli et les rebelles soit établi.
«La vérité est que nous négocions avec la France et non avec les rebelles». C’est ce qu’a indiqué Seïf al-Islam, le deuxième fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, dans une interview parue ce lundi dans le quotidien algérien El Khabar. «Notre émissaire auprès de Nicolas Sarkozy a indiqué que le président français lui a dit : « Nous avons créé le conseil (des rebelles) et sans notre soutien, notre argent et nos armes, le conseil n’aurait jamais existé »». Selon lui, «la France a dit : « Lorsque nous serons parvenus à un accord avec Tripoli, nous obligerons le conseil à cesser le feu »».
Seïf al-Islam a également indiqué que la France aurait officiellement exprimé son souhait de voir la mise en place d’«un gouvernement de transition en Libye ». Un gouvernement à qui, selon le fils Kadhafi, Paris aurait demandé de «s’engager sur plusieurs contrats». Notamment concernant les avions Rafale et Total.
Paris préconise les négociations
La France qui, avec la Grande-Bretagne, est à l’initiative de l’engagement militaire en Libye depuis le 19 mars, semble désormais privilégier le règlement du conflit par le biais de négociations entre le Conseil National de transition et le régime de Mouammar Kadhafi. «Nous avons arrêté la main qui avait frappé. Il va falloir se mettre maintenant autour d’une table», a déclaré dimanche le ministre de la Défense Gérard Longuet sur BFM TV. «On s’arrête de bombarder dès que les Libyens parlent entre eux et que les militaires de tous bords rentrent dans leur caserne. Ils peuvent parler entre eux puisqu’on apporte la démonstration qu’il n’y pas de solution de force», a-t-il affirmé.
De même, Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, a précisé dimanche sur France Info que le début de ces négociations ne pouvait se faire qu’avec «un cessez-le-feu qui en soit véritablement un, sous contrôle des Nations unies». Le chef de la diplomatie française estime que les pourparlers doivent impliquer le Conseil national de transition (CNT), mais aussi «les acteurs libyens, en particulier ceux qui à Tripoli ont compris que Kadhafi n’avait pas d’avenir. Il faudra ensuite engager la feuille de route d’un processus démocratique».
Le parlement français doit se prononcer mardi sur la poursuite de la participation française à l’action militaire de l’OTAN en Libye, dont l’issue du conflit reste toujours très incertaine. Depuis 2008, la réforme institutionnelle stipule que toute opération militaire engagée par l’exécutif doit faire l’objet d’un débat assorti d’un vote, si elle n’est pas arrivée à son terme au bout de quatre mois. Le coût des opérations et les conditions de l’engagement français devraient être les principaux sujets de discussion des députés et des sénateurs.