Les fidèles de Mouammar Kadhafi repliés dans sa ville natale de Syrte au centre de la Libye tentent de couper l’approvisionnement en eau de Tripoli. L’Otan affirme que Kadhafi garde un pouvoir de commandement sur ses troupes. Le CNT leur a donné jusqu’à samedi pour se rendre ou affronter de nouveaux combats.
Bien que Mouammar Kadhafi demeure introuvable depuis la chute, la semaine dernière de Tripoli, la capitale libyenne, le dernier carré de ses fidèles continue de se battre et n’épargne aucune stratégie pour mener la vie dure aux Libyens. Leur dernière trouvaille: priver d’eau Tripoli. Selon un rapport de l’Office humanitaire de l’Union européenne (Echo), les soldats pro-Kadhafi présents dans la ville de Syrte, bastion du guide dans le centre du pays, à 360 km à l’est de Tripoli, ont réussi à réduire des deux tiers l’eau potable qui transite par ce port stratégique pour alimenter la capitale libyenne. Conséquence, l’eau commence à manquer dans la ville. Pour faire face à cette pénurie, les organisations humanitaires ont entrepris de transporter de l’eau par voie terrestre et maritime en direction de Tripoli. Le Programme alimentaire mondial a fait savoir mardi qu’un navire transportant 500 000 litres d’eau était en route vers la ville. Les images prises à Tripoli lundi montraient des habitants en train de s’approvisionner en eau dans des camions-citernes affrétés par des volontaires.
Kadhafi toujours aux commandes de ses troupes
Pour l’Otan, Mouammar Kadhafi, bien qu’en fuite, conserve une certaine capacité de commandement sur les troupes qui lui sont encore fidèles. Mardi lors d’une conférence de presse à Naples en Italie, le porte-parole de l’opération de l’Otan en Libye, le colonel canadien Roland Lavoie, a évoqué la « capacité dont il (Kadhafi) fait encore preuve à commander et contrôler des troupes, leurs mouvements, et celui d’armes ainsi que leur déploiement, y compris le tir de missiles sol-sol ». « Fondamentalement, il fait preuve d’une capacité à exercer un certain niveau de commandement et de contrôle », a-t-il expliqué.
Selon lui, les troupes fidèles à Mouammar Kadhafi ne seraient pas en totale débandade, mais cèderaient le terrain de manière ordonnée, se retirant « sur la moins mauvaise de leurs positions, compte tenu de leur armement ».
De son côté, le Conseil national de transition (CNT) a adressé mardi aux pro-Kadhafi un ultimatum expirant samedi pour qu’ils se retirent des positions qu’ils tiennent encore, dont une partie de la ville de Syrte. Faute de quoi des opérations militaires seraient lancées contre eux. Selon le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, des négociations seraient en cours avec des dignitaires, notamment ceux de Syrte, pour essayer d’obtenir la reddition sans combat des fidèles de Kadhafi.
« A partir de samedi, si une issue pacifique n’est toujours pas en vue sur le terrain, nous pourrons faire la différence militairement », a indiqué Moustapha Abdeljalil lors d’une conférence de presse à Benghazi.
Sur le terrain, la situation était calme mardi sur le front de l’est de Syrte. Quelques tirs de chars T-55 attribués aux pro-Kadhafi ont toutefois été entendus mardi à l’aube à une centaine de kilomètres à l’est de la ville. Ils visaient les positions d’artillerie des rebelles.