Avec la levée des sanctions internationales, le sommet Europe-Afrique du Caire, et la Foire de Tripoli, la Libye reprend peu à peu le chemin de la scène internationale. Son leader, le colonel Kadhafi, est à nouveau un homme fréquentable. Les différents pays européens ne s’y sont pas trompés, et se mettent sur les rangs pour conquérir ce nouveau marché attrayant.
Le 5 avril 1999, le Conseil de sécurité de l’ONU met fin à l’embargo international lancé contre la Libye en 1992, en représailles après les attentats terroristes de Lockerbie et du DC 10 d’UTA. Ce qui va permettre à la » grande Jamahirya arabe socialiste » et à son » guide » de rechercher une nouvelle crédibilité face à de potentiels investisseurs, dont le pays et son économie ont cruellement besoin.
Le premier sommet Europe-Afrique du Caire a été l’occasion pour Muammar al-Khadafi de déployer toute une palette de séduction, et de s’afficher avec une quinzaine de chefs d’Etat et de gouvernements européens. Il a pu mettre en avant, lors d’entretiens privés, les nombreux atouts dont dispose son pays. La Libye est un pays immense, et riche en ressources naturelles. Elle détient 2,8% des réserves mondiales d’hydrocarbures et 0,9% des réserves mondiales de gaz naturel, un potentiel jusqu’ici largement inexploité.
L’enjeu est de taille car le pays doit investir au moins 5 milliards de dollars au cours des deux prochaines années, pour remettre à niveau ses infrastructures, après huit années d’exclusion de la communauté internationale. Un investissement concernant donc les infrastructures qui serviront à exploiter les ressources de son sous-sol, mais également des routes, des ports, des aéroports, et le secteur des télécoms qui reste à développer. L’ouverture de l’économie libyenne concerne donc tous les secteurs d’activité. Une aubaine pour ses futurs partenaires, puisque tout reste à faire dans un pays qui paie cash. En effet les incidents de paiement quasiment nuls sont un argument de plus en faveur de la Libye.
Kadhafi, qui au sommet du Caire a relancé sa politique africaine, met aussi en avant la position décisive de son pays, carrefour commercial et pont culturel entre l’Europe et l’Afrique. Et pour le rendre encore plus attirant, il met l’accent sur le processus interne de réformes pour favoriser la sécurité et la stabilité des entreprises étrangères intervenant sur son sol, et donc des investisseurs.
La France veut sa part du gâteau libyen
La Libye serait-elle un nouvel eldorado méditerranéen ? Il est un peu tôt pour le dire, mais on observe entre les pays européens – Italie, Allemagne, Royaume-Uni – , une course aux meilleures places en attendant que les Américains arrivent.
La visite du secrétaire d’Etat français à l’Industrie, Christian Pierret, du 9 au 11 avril à la 30è Foire Internationale de Tripoli (FIT), montre bien le changement d’attitude de la France par rapport à ce pays. Aucun ministre français ne s’était rendu en Libye depuis la visite de Roland Dumas en 1991. De plus, le pavillon français à la Foire était le deuxième en superficie, après celui de l’Italie, et une centaine d’entreprises françaises étaient représentées. Parmi elles, des fleurons de l’économie française comme TotalFina Elf et Peugeot. On peut également noter le dépôt de trente projets d’investissements par les Français ces derniers mois auprès des autorités libyennes.