Le Conseil national de transition (CNT), au pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, a décidé de transmettre le pouvoir à la nouvelle Assemblée libyenne le 8 août.
C’est officiel. Le Conseil national de transition (CNT) se prépare à céder le pouvoir à la nouvelle Assemblée libyenne, le 8 août. « Le 8 août est la date qui a été prévue pour le transfert de pouvoir entre le Conseil national de transition et le Congrès général national », a annoncé Othmane Ben Sassi, un des responsables au CNT. L’organe de transition, qui a repris les rênes du pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi, a donc tenue sa promesse. Il avait annoncé en effet qu’il n’avait « pas vocation à diriger la Libye ».
Cette nouvelle Assemblée, intitulée Congrès national, est issue des élections législatives du 7 juillet. Les premières en Libye depuis la chute du défunt leader libyen. Le scrutin a été salué par la communauté internationale. Aucun acteur politique ne l’a contesté. La passation des pouvoirs se fera lors d’une cérémonie en présence des membres du Congrès. Ces derniers devraient prendre leurs fonctions un ou deux jours après.
La déroute des islamistes
Le Congrès national sera composé de 200 membres. Il est chargé de former un nouveau gouvernement après l’adoption d’une nouvelle Constitution. Les libéraux de l’Alliance des forces nationales (AFN), coalition menée par l’ex Premier ministre Mahmoud Jibril, ont obtenu 39 sièges sur les 80 réservés aux formations politiques. Le parti pour la Justice et Reconstruction (PJC), issu des Frères musulmans (PJC), n’en a récolté que 17. Il n’a pas réussi à s’imposer en Libye alors que tout le monde attendait que la vague islamiste que l’Egypte et la Tunisie ont connu gagne également la Libye.
Les 120 sièges restants sont réservés au scrutin uninominal, c’est-à-dire aux candidats indépendants. Une lutte s’engage désormais entre les différents partis politiques pour attirer ces candidats libres afin d’obtenir la majorité la plus large. Même si la coalition de Mahmoud Jibril est bien partie pour prendre les rênes du gouvernement, il est pour le moment encore trop tôt pour savoir qui dominera la nouvelle Assemblée. Les libéraux ont déjà appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale.
La stratégie payante de Mahmoud Jibril
Mahmoud Jibril a joué la carte du rassemblement. Chose que les islamistes n’ont pas réussi à faire. La stratégie de l’ancien Premier-ministre libyen s’est révélée payante. « En ces temps difficiles pour la Libye, nous ne devons exclure personne. Dès le début de la campagne, nous avons appelé au rassemblement le plus large possible », a assuré Hammada Siala, porte-parole de l’AFN. Mesuré et posé, le leader de la coalition incarne pour les Libyens la rupture avec la personnalité fantasque de Mouammar Kadhafi. Professeur d’économie respecté, il a su réunir 50 partis politiques sous sa coupe. De plus, dès le début de la révolte contre le régime de Kadhafi, il s’est élevé contre le pouvoir, gagnant la sympathie des Libyens.
Les nouvelles autorités libyennes auront de multiples défis à relever. La Libye post-Kadhafi est loin d’être apaisée. Le pays est miné par l’insécurité. Il ne se passe pas un jour sans que des combats tribaux n’éclatent. La circulation des armes est toujours de mise. Sans compter que toutes les milices n’ont pas été désarmées. La reconstruction de la Libye, éclatée en une mosaïque de culture, sera une rude tâche. Mais avant de penser à la réunification du pays, l’heure est à la lutte de pouvoir pour les différents partis politiques. Les dés sont jetés. La nouvelle carte politique libyenne se dessine. Chaque partie, chaque tribu, chaque mouvance tente de se frayer un chemin pour s’imposer. Une chose est sûr, personne n’acceptera d’être lésée.
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