Au lendemain de la destitution du Premier ministre Ali Zeidan, Tripoli a indiqué avoir lancé un ultimatum de deux semaines aux rebelles séparatistes pour libérer les sites pétroliers de l’est du pays.
Vingt-quatre heures à peine après avoir destitué le Premier ministre Ali Zeidan, Tripoli a lancé mercredi un ultimatum de deux semaines aux rebelles séparatistes de la Cyrénaïque pour libérer les sites pétroliers situés à l’est de la Libye.
« Nous avons décidé d’accorder [aux rebelles autonomistes] un délai de deux semaines maximum » pour la levée du blocage des sites pétroliers, a annoncé ce mercredi le président du Congrès général national (CGN), Nouri Abou Sahmein. Celui-ci a également affirmé que la prétendue opération militaire qui se tramait pour libérer les sites de l’est du pays allait être suspendue pendant cette période. Le spectre de l’intervention militaire pour libérer la Cyrénaïque, et tout particulièrement les sites gaziers, plane depuis des mois. Sous Ali Zeidan, plusieurs annonces de ce type avaient été faites sans que rien, jusqu’à présent, n’eût été débloqué.
Mardi, le Congrès général national (CGN, équivalent du Parlement), a limogé Ali Zeidan pour son échec à instaurer un Etat de droit. L’ex-Premier ministre, qui en plus de n’avoir ordonné concrètement aucune intervention, avait toujours refusé de négocier avec les rebelles. Son successeur, Abdallah al-Theni, à l’intention d’adopter une posture différente, préférant dialoguer avec les séparatistes. « Le dialogue sera la règle (…) et nous sommes ouverts à tout le monde. Le problème sera réglé par le dialogue », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse.
Menace d’une guerre civile
Mais les séparatistes ont d’ores et déjà annoncé qu’ils refuseraient tout dialogue « sauf si la décision d’attaquer la Cyrénaïque était annulée », a affirmé Ali al-Hassi, porte-parole du bureau exécutif de la Cyrénaïque.
Dans ce bras-de-fer entre Tripoli et la Cyrénaïque, les rebelles semblent, pour l’heure, tenir les rênes. Al-Theni pourrait fort bien se retrouver dans la même situation que Zeidan : n’ordonner aucune intervention militaire. Et pour cause, de nombreux observateurs s’accordent à dire qu’une attaque contre les rebelles pourrait déclencher une guerre civile et provoquer la partition de la Libye. D’autant plus qu’il a été fait état, mardi soir, de la progression du « Bouclier de Libye », une milice islamiste composée essentiellement d’ex-rebelles de Misrata, vers Syrte où des rebelles de la Cyrénaïque ont été contraints de quitter leurs positions. Cette action a conduit les autorités rebelles de la Cyrénaïque à déclarer que de telles actions mèneront inévitablement à une guerre civile.
Toutefois, bien qu’il ait perdu sa crédibilité, le gouvernement ne veut pas perdre la face en se pliant aux exigences des rebelles. Ce fut d’ailleurs le comportement d’Ali Zeidan, d’un côté en menaçant les rebelles et de l’autre en refusant tout dialogue. Al-Hassi parviendra-t-il à changer la donne ou pliera-t-il à la principale revendication des rebelles : abandonner toute menace et tentative d’intervention ?