Liberia : tolérance zéro pour les violeurs


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Le Parlement libérien a voté la semaine dernière une nouvelle loi faisant du viol un délit. C’est une première pour ce pays qui connaît une recrudescence des cas de viol depuis la fin de la guerre civile, il y a deux ans. Ellen Johnson-Sirleaf, qui vient d’être élue à la présidence, a promis de combattre l’impunité dont jouissent jusqu’à présent les violeurs.

De notre partenaire Irin.

Ellen Johnson-Sirleaf, qui entrera en fonction au Liberia le mois prochain et deviendra la première femme chef d’Etat en Afrique, a promis de combattre l’impunité dont jouissaient jusqu’ici les violeurs. Pour la première fois dans l’histoire du pays, le parlement a voté la semaine dernière une nouvelle loi faisant du viol un délit, alors que de nombreux cas de viols et accusations de viols ont été signalés dans la presse locale.« Plus personne ne violera nos filles et nos femmes en pensant s’en tirer à bon compte ; toute loi sur le viol, et en particulier le projet de loi que nous venons de voter, sera appliqué dans toute sa rigueur sous notre gouvernement », a déclaré Mme Sirleaf au cours d’une interview radiodiffusée.

Les groupes de défense des droits des femmes, sous l’égide de l’Association des Femmes juristes du Liberia, a rédigé ce projet de loi en réponse à la recrudescence des cas de viols et d’agressions sexuelles. Bien qu’aucune statistique ne soit disponible, la presse locale a rapporté que les cas de viols étaient de plus en plus nombreux, depuis la fin de la guerre civile, il y a deux ans. Le viol était une pratique courante pendant les 14 années de guerre civile au Liberia, conflit au cours duquel des seigneurs de guerre fournissaient de la drogue et des armes à une jeunesse désabusée et encourageaient ses combattants à piller et à violer.

Marche silencieuse à Monrovia

La nouvelle loi prévoit des peines allant de sept ans d’emprisonnement à la perpétuité pour les auteurs de viols, selon la gravité des faits, et aucune libération sous caution ne peut leur être accordée. Auparavant, il n’y avait aucune législation sur le viol, même si le viol en réunion ou viol collectif était considéré comme un délit. Le procureur général du Liberia, Theophillus Gould, a déclaré lundi à la presse que l’absence de loi avait contribué à l’augmentation des cas de viol. « Certains hommes ont profité de l’absence de loi sur le viol pour perpétrer cet acte inhumain contre nos sœurs et nos enfants, mais la loi sera appliquée dans toute sa rigueur. C’est une bénédiction que nous ayons une loi sur le viol maintenant », a affirmé M. Gould.

Alors que les parlementaires du gouvernement de transition – qui restera en fonction jusqu’à la mi-janvier – votaient la loi, des organisations de défense des droits de la femme organisaient une marche silencieuse à Monrovia, la capitale. « Il y a trop longtemps que des adultes font subir impunément à nos filles et nos enfants des sévices sexuels, et cette loi va certainement servir à dissuader les violeurs potentiels », a déclaré lundi à Irin la commerçante Sarah Barclay.

Un Casque bleu dans le viseur

Le ministre de la Promotion féminine, Varbah Gayflor, a déclaré que cette loi garantissait la justice pour toutes les femmes libériennes.« Les femmes ont été humiliées pendant si longtemps et nous sommes contentes qu’elles soient désormais protégées par la loi. Le viol est un acte épouvantable auquel on doit mettre fin ». Le week-end dernier, un chef traditionnel qui avait violé une fillette de 9 ans a été arrêté dans le Comté du Bas Margibi, à 35 km au sud-est de Monrovia. Il y a quinze jours, la radio signalait le cas d’un homme de 35 ans vivant à Monrovia accusé d’avoir violé sa belle-fille.

A la même période, un casque bleu des Nations unies suspecté d’avoir violé une fillette de 9 ans a également été arrêté. La police libérienne a déclaré qu’elle souhaitait que le Nigérian soit jugé par la justice libérienne. Mais selon le général L.N. Yusuf, commandant de la mission de l’Onu au Liberia, le soldat sera jugé par une autre juridiction. « Le soldat nigérian sera traduit devant trois juridictions : la juridiction militaire nigériane, la juridiction civile nigériane et la juridiction des Nations unies. Si le soldat est reconnu coupable après une enquête approfondie, il tombera sous le coup de la loi de ces trois juridictions », a déclaré le général Yusuf.

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