Monrovia tente de moraliser son marché de diamants. Trop tard. Le Conseil de sécurité des Nations-Unies renforce les sanctions contre le régime de Charles Taylor, accusé d’étendre la guerre chez ses voisins.
Le couperet de l’ONU est tombé sur Taylor. Et il fait mal. Interdiction d’exportation de diamants pendant quatre mois et mise en place d’un système de certification. Monrovia a assuré vouloir offrir des garanties de transparence à la communauté internationale. Mais ces mesures, annoncées le jour même où le conseil de sécurité des Nations-Unies allait voter le renforcement des sanctions contre le Liberia, n’ont pas été jugées convaincantes.
Le Conseil a adopté une résolution prévoyant un embargo immédiat sur les armes et des sanctions économiques si, d’ici deux mois, le gouvernement du Liberia ne rompt pas tous ses liens avec les rebelles du RUF. Les sanctions économiques portent sur une interdiction des importations de diamants provenant ou passant par le Liberia, ainsi que des restrictions sur les voyages en avion des membres du gouvernement et des responsables militaires, tout comme de leurs épouses. La durée de l’ensemble du dispositif est limitée à un an, et à quatorze mois pour l’embargo sur les armes.
Guerre et fric, les deux mamelles du diamant
La communauté internationale reproche au président libérien, Charles Taylor, d’être le véritable » parrain » de la rébellion sierra-leonaise, de soutenir militairement et financièrement le Front révolutionnaire uni (RUF). Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne accusent Charles Taylor de trafic de » diamants de guerre » provenant des zones sous contrôle du RUF. Ces deux pays s’étonnent que Monrovia soit devenue grande exportatrice de diamants alors que le sous-sol Libérien est quasiment dépourvu de pierres précieuses.
La communauté internationale s’alarme des risques de contagion de guerre civile dans la région. La Guinée, longtemps épargnée, est déstabilisée par le nombre croissant de réfugiés et par l’incursion de bandes armées sur son territoire.
Le président libérien, qui a fait la sourde oreille pendant des années et accusé Londres de vouloir faire main basse sur les diamants de la région, semble vouloir se rapprocher de l’ONU. Son gouvernement a ordonné à la Banque centrale libérienne de ne plus délivrer de permis d’exportation de diamants pendant 120 jours.
Mohamed Berkani