L’économiste Ellen Johnson-Sirleaf arrive légèrement en tête de l’élection présidentielle libérienne du 11 octobre devant l’ex footballeur Georges Weah, selon les premiers résultats du scrutin. Mais la commission électorale prévient que le décompte des voix prendra plus de temps que prévu. Si la tendance se précise, on se dirige vers un second tour, le 8 novembre, entre l’ancienne ministre et le Ballon d’Or 1995.
L’ancienne ministre et économiste de la Banque mondiale, Ellen Johnson-Sirleaf, arrive en tête du scrutin présidentiel au Liberia avec 24,6% des suffrages. Mais seuls 39 bureaux de vote sur 3070 ont été décomptés, selon Frances Johnson-Morris, la présidente de la commission électorale. Jeudi, elle a prévenu les Libériens qui attendaient l’oreille collée à la radio qu’il faudra entre trois à sept jours pour obtenir les résultats complets. Si la tendance dessinée se confirme, le Liberia s’achemine vers un second tour, le 8 novembre prochain, entre l’ancienne diplômée de Harvard et la star internationale du football, Georges Weah, crédité de 21% des votes.
Près de 70% des 1,3 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes ce mardi pour choisir leur nouveau Président parmi 22 candidats, dont d’anciens chefs de guerre, ainsi que leurs députés et sénateurs. Ce scrutin met fin à la phase de transition conduite depuis octobre 2003 par le Président Gyude Bryant, après l’exil du Président Charles Taylor au Nigeria négocié avec les chefs rebelles contre la paix. Les Libériens espèrent ainsi tourner définitivement la page de quatorze années de guerre civile qui ont causé la mort de 250 à 300 000 personnes, le déplacement de milliers d’autres et traumatisé des milliers d’enfants transformés en soldats.
Dans le calme
Les 421 observateurs internationaux et 3533 nationaux se sont félicités du bon déroulement de la campagne électorale et du vote. Le secrétaire général des Nations Unies, Koffi Annan, s’est réjouit mercredi du fait que les élections se soient déroulées « comme prévu, dans une atmosphère calme et sûre, et qu’aucun incident grave n’ait été signalé ». Les voeux de Irfam Abdool Rahman, le chef de la délégation des observateurs de l’Union africaine, qui espérait lundi que «le même esprit de tolérance [que lors de la campagne] prévale mardi et après l’annonce des résultats », ont en partie été exaucés.
De son côté, l’ancien Président du Bénin et responsable d’un groupe d’observateurs, Nicéphore Soglo, a souligné que « c’est une élection importante non seulement pour le peuple libérien, mais aussi pour la sous-région et le continent ». Le Libéria est en effet coincé entre la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone, deux pays dans la tourmente. Le premier est en crise depuis trois ans et les élections présidentielles censées ramener la paix, le 30 octobre, ont été repoussées. La Sierra Leone se remer quant à elle difficilement de onze années de guerres civiles (1991-2002). Dans ces conditions, un coup de feu tiré à Monrovia a des conséquences à Abidjan et Freetown. Qu’en sera-t-il d’un processus électoral pacifique et transparent ?