Charles Taylor, âgé de 64 ans, a comparu mardi devant le Tribunal Spécial pour la Sierra-Léone (TSSL) à la Haye, aux Pays-Bas. Inculpé de 11 chefs d’accusation pour son implication tacite dans la guerre civile de la Sierra-Léone, sa défense a plaidé non coupable et fait appel. Elle réclame l’acquittement de son client ou la réduction de sa peine.
Charles Taylor, à l’heure du déni et face à ses détracteurs. « Le Front Révolutionnaire Uni (RUF) dépendait de l’aide logistique de Charles Taylor. Sans ce soutien, des crimes n’auraient pas été commis, des milliers de personnes n’auraient pas été tuées, amputées, utilisées comme esclaves sexuels », prononce d’un ton sérieux Nicholas Koumjian, le représentant du bureau du procureur. Cette déclaration traduit l’ambiance glaciale et déconcertante qui a régné au dernier jour du procès de Charles Taylor devant le Tribunal spécial pour la Sierra-Leone (TSSL), à Leidschendam, dans la banlieue de La Haye, aux Pays-Bas.
Condamné à 50 ans de prison par ce même tribunal en mai 2011 pour son implication dans la guerre civile en Sierra-Leone (de 1997 à 2002), Charles Taylor, de son vrai nom Charles Ghankay Taylor, a dirigé le Liberia de 1997 à 2003, date à laquelle il s’exile pour le Nigeria. Intrépide et vaillant combattant de guerre, l’homme qui a dirigé son pays pendant six ans, est aujourd’hui derrière les barreaux. Pourtant, il y a seulement quelques années, un tel scénario était presque inimaginable, voire chimérique.
La folie du pouvoir
A peine élu à la tête du pays en 1997, à la suite d’élections jugées transparentes par les observateurs internationaux, l’homme dirige son pays en main de fer et impose un régime dictatorial qui ne dit pas son nom. Il arrête ses opposants, défie la communauté internationale et extermine de la manière la plus violente tous ceux qui osent se mettre sur son chemin. C’était alors la belle époque où l’ancien seigneur de la guerre pouvait se pavaner librement dans son pays sans coup férir. Pour mieux étendre son pouvoir, l’homme ne s’arrête pas là. Il apporte son soutien aux rebelles sierra-léonais qui venaient alors de déclencher une guerre civile qui aura fait plus de 200.000 morts et des milliers d’amputés et de personnes violées. Charles Taylor espère par ce geste, contrôler le juteux commerce des diamants de son pays. Exilé au Nigeria en 2003, il sera arrêté et extradé vers son pays d’origine en mars 2006. Le pays entier pousse un nouveau souffle. Une nouvelle page vient d’être tournée.
Aujourd’hui, entre les mains du TSSL, l’ex-président se bat pour sa survie judiciaire.
Charles devant le Tribunal
Charles Taylor au banc des accusés. Condamné à 50 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, en raison de son soutien aux rebelles sierra-léonais, Charles Taylor a comparu le mardi dernier devant le Tribunal spécial pour la Sierra-Leone (TSSL).
Les juges l’accusent d’avoir fourni, en échange de diamants, des armes et des munitions au RUF (Revolutionary United Front), sans avoir le contrôle direct des rebelles. Le RUF est toujours accusé d’être le principal instigateur de la Guerre civile.
Il est également inculpé de 11 chefs d’accusation, mais sa défense plaide non coupable et fait appel estimant tout simplement que les juges en instance ont commis des erreurs en droit. Sa défense réclame l’acquittement de son client ou la réduction de sa peine. Le jugement est attendu après l’été 2013.