Levée de bouclier contre une loi d’amnistie en Guinée-Bissau


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Plusieurs organisations de la Société civile de la Guinée-Bissau se sont déclarées, lundi, opposées à une loi d’amnistie des crimes politiques commis entre 1980 et 2004 adoptée en fin de semaine dernière par l’Assemblée nationale (Parlement) à une écrasante majorité.

Selon ces organisations, dont la Ligue des droits de l’Homme de Guinée-Bissau (LGDH), cette loi vise à dédouaner l’actuel chef d’Etat, Joao Bernardo « Nino » Vieira, ainsi que le chef d’état- major des forces armées, le général Batista Tagm Na Wai et tant d’autres officiers des assassinats politiques commis durant cette période.

Expliquant les motivations de cette levée de boucliers, le président de la LGDH, Luis Vaz Martins, a fustigé la complicité existant entre les hommes politiques et les militaires bissau- guinéens, indiquant qu’en lieu et place d’une loi d’amnistie, le pays devrait envisager la création, à l’instar de l’Afrique du Sud, d’une Commission « vérité et réconciliation » afin que les coupables de crimes fassent publiquement leur mea culpa.

Pour M. Martins, qui soutient que la situation politique actuelle du pays n’est pas appropriée pour l’approbation d’une telle loi, il faut coûte que coûte éviter que cette loi d’amnistie laisse libre cours à l’impunité.

« L’Assemblée nationale ferait mieux de légiférer d’abord sur le trafic des enfants, l’excision féminine et sur les sacrifices humains faits lors des cérémonies funèbres plutôt que de se précipiter à approuver une loi d’amnistie », a-t-il encore affirmé, avant de proposer un référendum au cours duquel les populations se prononceront sur cette affaire.

Entre 1980 et 2004, la Guinée-Bissau a connu de nombreux troubles politiques et militaire allant du renversement, par coup d’Etat, du président Luis Cabral par l’actuel chef d’Etat, Nino Vieira, à une autre tentative de putsch, en mars 1985, au cours de laquelle une douzaine de militaires et de civils dont, le vice-président Paulo Correia ont été sommairement exécutés malgré un appel à la clémence de la communauté internationale.

En juin 1998, un conflit politico-militaire éclata, faisant 2.500 morts. Ces évènements devaient chasser Nino Vieira du pouvoir.

En novembre 2000, le général Ansumane Mané et plusieurs officiers proches de la junte à l’origine du conflit de 1998 ont été atrocement assassinés pour complot contre le régime de Kumba Yala.

Quatre ans plus tard, le 6 octobre 2004, une tentative de coup d’Etat orchestrée par un groupe de soldats dirigés par Baouté Yanta Na Man s’est soldée par l’assassinat du général Verissimo Correia Seabra, alors chef d’état-major des forces armées.

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