Monsieur le Président, c’est avec un coeur lourd que je m’adresse à vous. Monsieur le Président, montrez que vous êtes courageux, que vous êtes un homme de paix. Montrez que vous avez compris que les Tunisiens ne veulent plus d’une dictature policière. Libérez notre collègue Bensedrine, libérez les journalistes de la censure, libérez la parole. Libérez la Tunisie ! Monsieur le Président, mes frères tunisiens veulent vivre, parler sans chuchoter et sans regarder derrière eux tout le temps. Votre option de développement à la chinoise, libéralisme économique et privations politiques, a vécu. La Tunisie, ce grand pays, doit tourner la page policière. Vos polices ne peuvent interdire à vos citoyens le droit à l’information, Internet est là pour prouver l’inutilité de cette politique. Ce n’est pas pour rien que notre consoeur avait appelé son journal » Kalima « , la Parole.
Monsieur le Président, l’image de la Tunisie et de l’Afrique n’ont pas besoin de ces méthodes détestables. La place de Sihem n’est pas dans une prison mais dans une salle de rédaction. C’est avec un grand amour pour son pays que cette journaliste et militante des Droits de l’Homme croyait en une autre Tunisie. Monsieur le Président, cette arrestation confirme les ennemis de la Tunisie et de l’Afrique dans leur haine. Oui, Monsieur le Président, les Tunisiens, comme tous les peuples de la Terre, sont mûrs pour la démocratie et le changement. L’indice économique ne peut, à lui seul, expliquer le développement d’un pays. La presse en est la meilleure illustration.
Monsieur le Président, ayez le courage de libérer Sihem, donnez tort à vos adversaires en libérant la parole. Monsieur le Président, j’espère que cette lettre vous parviendra malgré la vigilance de vos services – très performants – de censure. Et que vous accuserez réception.
Sceptiquement, Georges Delassalle