Les Zimbabwéens jouent la prolongation électorale ce jeudi


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Vote (illustration)
Vote (illustration)

Ce mercredi, les électeurs zimbabwéens étaient aux urnes pour choisir leur Président, leurs députés et leurs conseillers locaux. Au bout d’une journée de vote marquée par des retards monstres, le chef de l’État sortant a décidé de la poursuite du scrutin ce jeudi.

Une prolongation électorale ! Voilà ce à quoi vont se livrer les électeurs zimbabwéens aujourd’hui. En effet, débutées mercredi, les élections générales se poursuivent ce jour. Plusieurs raisons expliquent ce décalage.

D’une part, en raison des nombreuses irrégularités observées dans la journée d’hier, il y avait un grand retard dans de nombreux bureaux de vote. En outre, alors que leur ouverture était prévue pour 7 heures, de nombreux centres de vote ont démarré les activités dans l’après-midi. Selon la Commission électorale elle-même, moins du quart des bureaux de vote de la capitale ont ouvert leurs portes à temps.

Une journée de vote émaillée d’irrégularités

Cependant, à en croire des observateurs locaux, les retards ont été surtout notés dans les grands centres urbains contrôlés par l’opposition. Les retards n’ont pas été le seul problème relevé au cours de la journée de vote. Il y avait beaucoup d’autres dysfonctionnements comme des erreurs sur les listes électorales.

Pis, une organisation dénommée Forever Associates Zimbabwe en relation avec la ZANU-PF aurait recueilli les numéros de carte d’identité et de téléphone de nombreux électeurs. Ils prétendaient vouloir réaliser un sondage de sortie des urnes. Pour les observateurs, il s’agit-là d’une action visant à contrôler le vote des électeurs et par conséquent à les intimider.

Toutes choses que l’opposition dénonce et considère comme des manœuvres orchestrées en vue de « créer de la confusion pour brouiller les pistes », comme l’indique son leader, Nelson Chamisa. « Nous avons clairement affaire à des entraves aboutissant à supprimer des électeurs, un cas classique de triche archaïque datant de l’âge de la pierre », insiste l’avocat et pasteur âgé de 45 ans.

Des élections dans un contexte particulièrement tendu

Les élections se déroulent dans un véritable climat de tensions. Cet état de choses était déjà dénoncé par les organisations de la société civile bien avant le jour du scrutin. Human Rights Watch, par exemple, avait souligné que le processus électoral était gravement défectueux et ne présageait pas d’un vote équitable. L’ONG s’était appuyée sur l’ambiance chaotique qui a caractérisé le processus.

En effet, avant et pendant la campagne électorale, l’action de l’opposition a été fortement entravée par le pouvoir. La Coalition des citoyens pour le changement, le parti de Nelson Chamisa, a vu plusieurs de ses militants emprisonnés, une centaine de ses meetings interdits, etc..

Duel entre Nelson Chamisa et Emmerson Mnangagwa

S’il y a au total 11 prétendants qui lorgnent le fauteuil présidentiel, on sait que le jeu se fera entre Nelson Chamisa et Emmerson Mnangagwa. C’est la deuxième fois que ces deux candidats s’affrontent. En 2018, lors de la première élection présidentielle du pays sans Robert Mugabe, Emmerson Managagwa avait été élu de justesse face à son jeune challenger. Les contestations ayant suivi le scrutin avaient débouché sur des répressions entrainant la mort de plusieurs personnes.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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