» N. a cinq mois, sourit quand on lui prend la main mais se met à pleurer dès que trop de gens l’entourent, dans sa chambre de l’Hôpital général de Johannesburg. Fragile, elle se remet à peine d’un viol. » Depuis quelques semaines, ce genre de dépêche n’arrête pas de tomber. Une rumeur imbécile et criminelle fait croire aux Sud-Africains que violer un bébé prémunit contre le sida. Pourquoi cela arrive-t-il en Afrique ?
A Cotonou, sept personnes ont été lynchées par la foule qui les accuse d’être des « voleurs de sexes « . Le ministre de l’Intérieur a dû intervenir pour appeler ses concitoyens à raison garder. Et un commissaire de jurer « que les sexes sont toujours là « .
Au Gabon, les rétricisseurs de zizis … Marre ! Basta ya ! Si ces croyances morbides ont la vie dure, la faute en incombe aux Etats qui ont failli sur le plan éducatif. Et aussi sur le domaine identitaire, préférant s’attacher au tribalisme, aux « traditions séculaires « . Il est plus qu’urgent de définir une nouvelle identité. L’Afrique mythique, comme son nom l’indique, est un leurre. C’est devenu une prison, un mouroir. » … Je crois que le salut de l’Afrique se trouve dans la modernisation, la création de sphères publiques laïques et la liberté des individus « , note, très justement, Manthia Diawara.
Liberté individuelle. Mettre les traditions dans un musée n’est pas un reniement de soi, de son identité. C’est une condition sine qua non pour l’évolution. Toute tradition mettant la vie d’autrui en danger est négative, dangereuse. Elle nous fige dans le temps. La modernité n’est pas l’apanage d’une civilisation, d’une race. Elle est un long accomplissement d’un rêve. En s’arc-boutant sur des croyances débiles à force d’être un handicap pour le développement, l’Afrique donne raison aux suprémacistes, ses pires ennemis. Car, il ne faut pas se tromper, notre modernisation est avant tout un avantage pour l’Afrique et une gifle pour les pays développés. Marre des dépêches honteuses !