Les Tunisiens ne digèrent toujours pas d’avoir été privés de la finale de la Coupe du monde à cause d’une panne électrique. Des habitants de Sfax ont décidé, une première dans le pays, de porter plainte contre la Société nationale d’électricité et de gaz.
» Nous ne sommes pas au courant de cette plainte. La coupure d’électricité lors de la finale de la Coupe du monde était due à une surconsommation d’énergie à cause des climatiseurs et des postes de télévision allumés « , se contente-t-on dire à la Société tunisienne d’électricité et de gaz (STEG). Pourtant, des Tunisiens, frustrés d’avoir été privés de la finale de la Coupe du monde, ont porté plainte -une première dans le pays- contre la STEG. C’est le quotidien arabophone Echourouk qui rapporte l’information dans son édition de jeudi en précisant que la plainte a été déposée à Sfax. La coupure de courant a pris des allures d’affaire d’Etat avec l’intervention du président Zine El Abidine Ben Ali qui a ordonné, mardi dernier, la création d’une commission d’enquête chargée d’examiner les causes de la coupure.
Préjudice moral
Dans un communiqué parvenu à l’agence Tunis-Afrique Presse (TAP), le directeur de la production et du transport à la STEG, explique que la panne » s’est produite au niveau de l’une des lignes de transport électrique de haute tension 225 000 volts qui approvisionne essentiellement le Grand Tunis. Du fait de l’interconnexion entre les composantes du réseau national de transfert de la charge électrique, la demande exercée sur la ligne tombée en panne a été transférée à d’autres lignes, ce qui a entraîné une surcharge et provoqué l’arrêt des centrales électriques du réseau « .
Ces explications techniques ne convainquent pas la presse privée qui s’est déchaînée contre la Société tunisienne d’électricité et de gaz. Certains ont cassé l’argumentaire de la STEG en relevant que l’économie tournait au ralenti ce jour-là, dimanche 30 juin, et que l’utilisation excessive des climatiseurs ne pouvait être la cause de la coupure. Devant l’absence de réaction de la STEG, les rumeurs les plus folles courent à Tunis. » Pour une fois que les journaux tunisiens pouvaient se lâcher, ils ne vont pas s’en empêcher. Comme la politique est un terrain dangereux pour eux, ils se rabattent sur les faits divers… « , se moque un militant du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT).
Les six plaignants de Sfax ont décidé de ne pas accepter les excuses et les » considérations distinguées » de la Société tunisienne d’électricité et de gaz en demandant des réparations pour » préjudice moral « .