Randa est une transexuelle algérienne. Elle raconte son parcours dans un livre poignant, Mémoires de Randa la Trans, publié récemment au Liban où elle est installée. Rencontre.
« Etre une fille à plein temps » : c’est un rêve en passe de devenir réalité pour Randa. Installée au Liban où elle a la possibilité d’effectuer les démarches pour changer de sexe, elle a dû fuir l’Algérie en 2009, son pays où elle était menacée par des islamistes, pour pouvoir vivre pleinement son identité complexe. Son histoire, elle a choisi de la raconter dans un livre, Mémoires de Randa la trans (co-écrit par le journaliste politique libanais Hazem Saghieh), publié récemment à Bayreuth. L’ouvrage raconte avec une brutalité saisissante le parcours de cette trentenaire algérienne : son enfance troublée, ses premières expériences homosexuelles, ses tentatives de suicide, le naufrage de son mariage, et, enfin, son choix de devenir une femme. Le livre est première littéraire dans le monde arabe.
Afrik.com : Pourquoi avoir choisi de raconter votre expérience dans un livre ?
Randa : Le but de cet ouvrage est de dire qu’un trans est une personne tout à fait normale, que cela peut arriver à tout le monde. Il s’agit avant tout d’un être humain. En outre, il fallait que je mette cela noir sur blanc. Je voulais à travers ce livre apporter mon témoignage et en même temps exorciser mes démons. J’étais trop fatigué pour le faire moi-même. Il se trouve que j’ai une amie dont le mari est écrivain, Hazem Saghieh. Il m’a proposé de l’écrire, et j’ai accepté. C’est comme cela que l’aventure a commencé. C’est le premier livre parlant de la transsexualité rédigé en arabe.
Afrik.com : Qu’est-ce qui a changé dans votre vie de tous les jours depuis que vous êtes devenue transsexuelle ?
Randa : Je suis tranquille avec moi-même. Je vis maintenant une vie de fille 24 heures sur 24. C’est vrai que j’ai d’autres problèmes à affronter, mais, enfin, je suis moi-même.
Afrik.com : Où en êtes-vous avec le processus de changement de sexe ?
Randa : J’ai deux opérations en route, celle de la pomme d’Adan et l’opération finale, le changement de sexe.
Afrik.com : Pourquoi avez-vous quitté l’Algérie ? Et pourquoi avoir choisi le Liban ?
Randa : Tout simplement parce qu’on m’a menacé. Les islamistes m’ont donné 10 jours pour quitter le pays. Je n’avais pas assez de temps pour partir en Europe, parce qu’il faut 20 jours au moins pour obtenir un visa Schengen. Heureusement, j‘avais des amis au Liban qui m’ont permis de m’y rendre rapidement.
Afrik.com : Dans votre livre, on comprend que vous n’étiez pas à l’aise dans votre corps en tant qu’homosexuel, qu’est-ce qu’être transsexuelle pour vous ?
Randa : C’est clair que je ne me transforme pas dans le seul but de changer de sexe, je suis une femme emprisonnée dans le corps d’un homme. Cela n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle. C’est un problème de genre.
Afrik.com : Comment se passent les choses avec votre famille ?
Randa : Je n’ai aucun contact avec ma famille. Mes parents et ma famille refusent complètement ce que je suis en train de faire. Ma nouvelle famille, c’est, quelque part, mes amis.
Afrik.com : Vous militez au sein d’une association, « Helem » , qui défend les droits des homosexuels, des lesbiennes, des bisexuels et des transsexuels. Un mot sur vos activités ?
Randa : Notre travail consiste à prendre en charge les trans sur le plan médical et psychologique dans leurs démarches de transition. Sur le plan juridique également, nous militons pour leur changement de sexe soit pris en compte sur les documents officiels.
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