Les principales centrales syndicales de Guinée sont en réunion depuis les premières heures de la matinée. Ils peaufinent les stratégies devant conduire à la grève générale illimitée prévue, mercredi, dans tout le pays. Ils dénoncent « la gestion chaotique » de l’Etat et « le pillage systématique de l’économie nationale ».
Le coordonnateur de programme de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), Oumar Bah, a déclaré à la PANA que rien ne peut empêcher la grève générale, lancée à l’appel de sa centrale, en collaboration avec l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) et de l’Organisaton nationale des travailleurs de Guinée (ONTG).
M. Bah s’est dit confiant pour la réussite du mouvement et fait observer que ni menace ni intimidation ne viendront à bout de la détermination de ses camarades: « Nous ne craignons ni intimidation, ni menaces à l’encontre de nos dirigeants que nous soutenons entièrement ». La grève n’a aucun caractère politique, a-t-il tenu à ajouter.
La « gestion chaotique » de l’appareil gouvernemental fustigée
Cependant dans leur préavis de grève, remis au gouvernement le 2 janvier dernier, les centrales syndicales fustigent « la gestion chaotique de l’appareil gouvernemental (et) la valse des décrets présidentiels », tout en estimant que la Guinée est gérée par de simples humeurs de familles et de clans. La Loi fondamentale du pays, poursuivent les syndicalistes, est violée par le premier magistrat qui ne fait rien contre le pillage systématique de l’économie nationale.
Les deux centrales veulent, en particulier, manifester leur désaccord avec le président Lansana Conté qui est allé, le 10 décembre dernier, sortir de prison Mamadou Sylla, président du patronat et l’ex-ministre des Sports, Fodé Soumah, poursuivis pour « détournement et complicité de détournement de fonds publics ».
Prenant au sérieux la menace des deux centrales, le général Conté a convoqué jeudi dernier au Camp Samory Touré, un de ses lieux de résidences, les principaux chefs des forces de l’ordre pour leur demander de se tenir prêts, mais pas dans la violence, a confié à la PANA une source militaire présente sur les lieux.
Les militaires promptes à tirer à balles réelles lors des manifestations
Le général Conté, selon la même source, a indiqué qu’il ne souhaitait pas voir les militaires dans les rues en cas de grève à cause de leur « promptitude » à tirer à balles réelles sur les populations comme ce fut le cas en juin dernier lors de la grève générale des deux centrales, ce qui avait fait une vingtaine de morts parmi les élèves et de simples passants.
Il a aussi demandé aux policiers et gendarmes, réputés « plus conciliants », d’encadrer les manifestants au cas où ceux-ci seraient dans les rues.
« Conté reconnaît que des officiers soutiennent de tels mouvements depuis sa récente décision de mettre fin, au sein de l’armée, à la dotation en carburant, coûtant plus de 2 millions de Francs guinéens par mois (1 dollar US = 6.000 FG) et pour chaque bénéficiaire (…) », a encore dit la même source.
La vie quotidienne est déjà affectée par la grève à venir
A noter que les efforts de la Ligue islamique ont été couronnés de succès auprès des syndicalistes, qui ont accepté les atterrissages des avions ramenant de La Mecque les quelque 6.000 pèlerins guinéens qui ont effectué cette année le hadj aux lieux saints de l’Islam.
Le transport interurbain devient de plus en difficile à Conakry où plusieurs taximen ont garé leurs véhicules. De gros regroupements sont perceptibles aux différents arrêts, tandis que plusieurs stations d’essence ne vendent plus de carburant depuis lundi de peur d’être victimes des vandales comme ce fut le cas lors des grèves de février et juin derniers. Les marchés sont pris d’assaut par les femmes qui s’approvisionnent en denrées de première nécessité, mais de nombreux commerçants ont baissé les rideaux.