Les Swazis sont descendus dans la rue mercredi et jeudi pour réclamer la mise en place d’un Etat démocratique dans la dernière dictature monarchique d’Afrique. Les sujets du roi Mswati III, qui règne en maître absolu, aspirent à devenir des citoyens qui pourront soutenir le parti de leur choix lors des élections générales de 2008.
« A bas la monarchie ! Vive le multipartisme » aurait pu être l’un des slogans scandés par les sujets de l’excentrique roi Mswati III, souverain du Swaziland, la dernière monarchie absolue du continent africain. A l’appel des trois principaux syndicats du pays, des milliers de fonctionnaires et d’étudiants manifestent depuis mercredi pour un retour du multipartisme et plus de démocratie dans leur pays. Le mouvement de protestation a démarré à Manzini, la deuxième ville du pays, faute d’avoir obtenu les autorisations nécessaires pour manifester dans la capitale, Mbabane, où les agents de l’Etat se sont donnés rendez-vous ce jeudi. « Nous en avons assez car notre gouvernement est très corrompu. L’économie s’effondre, il n’y a pas de distribution des richesses », a déclaré à l’AFP Jan Sithole, secrétaire général du Syndicat des travailleurs (Swaziland Fédération of Trade Unions, SFTU).
Les Swazis veulent désormais vivre dans un Etat démocratique
Sur la radio américaine Voice of America, Vincent Ncongwane, un autre leader syndical, expliquait que l’une des principales revendications de ces manifestations était l’amendement de la Constitution adoptée en février 2006. Bien qu’elle reconnaisse l’existence de partis politiques, elle ne leur permet pas de participer aux élections générales alors que l’échéance de celles de 2008 se rapproche. Mswati III jouit de tous les pouvoirs depuis qu’il a succédé, en 1986, à son père, le roi Sobhuza II, à l’origine de la suppression du multipartisme en 1973. L’ancienne colonie britannique n’a flirté avec la démocratie que durant quelques années après son indépendance en 1968. La monarchie swazie considère en effet qu’elle est la seule à même de garantir l’unité nationale et la paix.
La folie des grandeurs de Mswati III et son goût immodéré pour les jeunes vierges ont fini par faire déchanter les Swazis. D’autant plus qu’au moins 70% des 1,1 million d’habitants vivent avec moins d’un dollar et 40% des adultes sont séropositifs, le taux le plus élevé sur la planète. Cinquante-six pour cent des personnes âgées de 25 à 29 vivent ainsi avec le virus du sida. En dépit des menaces de licenciements proférées par le gouvernement, les Swazis battent le pavé à la recherche d’un peu plus de liberté. Une grève similaire avec les mêmes revendications avait déjà été lancée en novembre 2000. Au moins trois leaders syndicaux avaient alors été arrêtés. Les manifestations de mercredi, pourtant pacifiques, à Manzini se sont soldées, elles, par le pillage d’au moins deux magasins selon le porte-parole de la police, Vusi Masuku, et l’interpellation d’une personne pour violences.