Brussels Airlines investit le continent africain qui le lui rend bien, notamment depuis le lancement de quatre nouvelles destinations en juillet dernier. Une augmentation de capacité de 25% a provoqué une hausse équivalente de la demande. Entretien avec Herman Carpentier, vice-président ventes Afrique et Etats-Unis.
Brussels Airlines, ce sont quelque 600 000 passagers transportés sur le réseau africain pour 2010. L’Afrique représente près de 35% du chiffre d’affaires de la compagnie belge. Pour les 9 premiers mois de 2010%, elle a enregistré une augmentation de 18% en moyenne sur le continent. Brussels Airlines desservira 20 destinations africaines à partir de 2011, avec l’ouverture de deux nouvelles lignes au Maroc.
Afrik.com : Quel est le bilan du lancement estival de quatre nouvelles destinations – Accra, Ouagadougou, Lomé et Cotonou – sur le réseau africain de Brussels Airlines ?
Herman Carpentier : En Afrique, le mois de juillet est une haute saison. Nous avons donc pris la bonne décision. Les avions étaient bien remplis. En plus de ces quatre nouvelles destinations, nous avons considérablement augmenté nos capacités sur Abidjan en passant de 4 à 6 vols par semaine. C’est un succès. L’augmentation de la capacité est similaire à celle de la demande : nos capacités sur l’Afrique ont augmenté de 25% et les ventes ont cru de 25% par rapport à l’année précédente.
Afrik.com : Pourquoi cet intérêt pour l’Afrique aussi bien au sein de Brussels Airlines que du groupe Lufthansa auquel vous appartenez ?
Herman Carpentier : Le groupe Lufthansa est propriétaire à 45% de Brussels Airlines. L’intérêt pour l’Afrique est le résultat de deux choses. D’abord la crise financière, il y a 2 ans, qui a fortement influé sur les autres continents. De nombreuses compagnies aériennes, à l’instar de Brussels Airlines se sont alors tournées vers l’Afrique qui présentait la plus importante croissance en termes d’activité économique. Ensuite, je voudrais souligner que pour Brussels Airline, l’intérêt pour l’Afrique est constant. Nous y avons investi pendant la crise. Un cinquième avion, d’une capacité de 284 sièges (dont 30 en classe affaires), a été rajouté à la flotte long-courrier, en plus des 45 avions opérationnels sur l’Europe. Les prévisions de croissance sur le continent africain restent positives bien qu’il n’offre pas de grandes possibilités : un avion supplémentaire sur l’Afrique sera moins vite absorbé que sur le marché nord-atlantique.
Afrik.com : En partenariat avec le groupe Forrest, Brussels Airlines développe le projet Korongo, une compagnie régionale en République démocratique du Congo qui sera basée au Katanga. Elle sera vraiment opérationnelle au premier semestre 2011 ?
Herman Carpentier : Nous travaillons durement sur ce projet mais nous ne sommes pas les seuls à décider. Nous espérons néanmoins pouvoir démarrer au début de l’année prochaine.
Afrik.com : Vous avez des projets similaires en Afrique ?
Herman Carpentier : Nous nous concentrons pour l’instant sur Korongo mais nous exploitons depuis un moment les routes intra-africaines, en fonction des autorisations obtenues. Au départ de Dakar par exemple, on prend des passagers pour Banjul, Conakry et Freetown.
Afrik.com : Tous les vols Brussels Airlines sont des triangulaires qui ne disent pas toujours leurs noms. Le passager n’est pas toujours bien informé…
_ Herman Carpentier : C’est une information qui se trouve dans le système de réservation. Un agent de voyage qui vend le billet devrait pouvoir communiquer le détail de l’itinéraire du voyage à son client. Mais c’est vrai que le passager demande souvent la destination finale et que l’agence de voyage se contente de lui donner les heures de départ et d’arrivée. Mais il n’en demeure pas moins, qu’en matière d’horaire, l’information est parfaitement disponible. Seulement, l’escale peut changer ou le vol peut être direct.
Afrik.com : Est-ce un handicap de ne pas opérer ses vols en direct, de préférer les triangulaires par rapport à Air France qui prépare une contre-attaque très féline, dénommée Léopard ?
Herman Carpentier : Air France opère souvent de la même façon. Quand elle vole sur Niamey, c’est via Ouagadougou. Parfois elle opère en direct, parfois elle fait escale. Au total, ils ont plus de vols secs – et non pas directs, que nous -, c’est-à-dire qui ne combinent pas deux destinations. A Brussels Airlines, cette combinaison nous permet d’augmenter la fréquence. Nous avons ainsi deux vols par semaine sur Cotonou, Ouagadougou et Lomé au lieu d’en avoir un opéré en direct.
Afrik.com : Quelle est votre riposte à celle à venir d’Air France, membre de Skyteam ?
Herman Carpentier : Elle est déjà lancée. Nous sommes concurrents et nous essayons de prendre les parts des uns et des autres, pas uniquement d’Air France bien évidemment. Il y a de nombreux autres opérateurs sur l’Afrique avec lesquels nous sommes en compétition. Le grand groupe Air France-KLM augmente aussi progressivement ses capacités et bénéficie d’une croissance continue sur l’Afrique et nous, en tant que challenger, nous nous développons également sur ces marchés. On le fait plus facilement dans un groupe, qui serait plus Lufthansa que Star Alliance. La concurrence se situe plus au niveau des groupes que des alliances. C’est une saine concurrence qui ne peut que bénéficier aux passagers.
Afrik.com : Brussels Airlines veut opérer en direct sur les Etats-Unis, vers JFK à New York et San Francisco. C’est aussi pour transporter plus d’Africains à destination du Nouveau continent ?
Herman Carpentier : Entre les Etats-Unis et l’Afrique, il y a pas mal de trafic. Nous avons déjà des passagers qui s’y rendent grâce à nos partenaires de Star Alliance. United Airlines vole sur Washington, US Airways sur Philadelphie, Continental sur Newark/New York. Ces compagnies, qui desservent Bruxelles à destination des Etats-Unis, ont des horaires adaptés aux nôtres au départ et à l’arrivée du continent africain. En outre, elles ont un réseau très étendu. Cependant, à terme, il est normal qu’une compagnie belge vole de Bruxelles vers les Etats-Unis et ce sera normal que ce soit Brussels Airlines.
Afrik.com : Vous allez investir 10 millions d’euros pour la rénovation de votre flotte africaine dans les prochains mois ?
Herman Carpentier : C’est une décision qui a été prise. Nous allons en effet moderniser les avions avec des nouveaux sièges en classe économique qui auront un système de divertissement incorporé, en d’autres termes qui seront équipés de leurs propres écrans. La technologie évolue et nous devons en faire autant.
Afrik.com : Quelles sont vos perspectives de croissance en Afrique ?
Herman Carpentier : Notre récente augmentation de capacité avoisine les 25%, nous aimerions que la croissance l’année prochaine soit de 25% supérieure par rapport à la situation antérieure, avant modification de nos capacités. Pour cette année-ci, le chiffre de 18% est plus probable. Croître, c’est important sur un continent où il y une croissance économique importante. Mais ca ne sert à rien d’investir si le marché ne répond pas. Notre objectif est d’être rentable.
Afrik.com : Dans l’immédiat, cap sur l’Afrique du Nord ?
Herman Carpentier : Nous aurons deux nouvelles destinations en Afrique du Nord à partir d’avril 2011, Marrakech et Agadir, dans le cadre d’une coopération avec le Club Med. Au Maroc, nous opérions déjà des vols en partage sur Casablanca avec Royal Air Maroc. La desserte Brussels Airlines passera ainsi de 18 à 20 destinations.