Le Sénégal compte 150 000 détenteurs de cartes bancaires, soit 2% de la population. Ce phénomène s’explique par le manque de coopération entre les banques et la faiblesse de la masse salariale. Bataille entre la carte en plastique et les billets de banque.
La bancarisation (nombre de comptes bancaires) est encore faible au Sénégal. Alors que le pays compte neuf millions d’âmes, on dénombre seulement 200 000 comptes sur le territoire. » La plupart de nos clients sont des salariés de la fonction publique ou du secteur privé. Comme la masse salariale au Sénégal est faible par rapport à l’ensemble de la population active, il y a peu de comptes bancaires « , explique Abdoulaye Samba, chef de la cellule monétique de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (BICIS).
Quant à l’utilisation de la carte bancaire, elle n’est pas encore entrée dans les moeurs sénégalaises : on compte 150 000 détenteurs de cartes, soit 2% de la population. Le manque de coopération entre les banques est le principal frein à l’utilisation de la carte par les particuliers. Chaque banque a sa propre carte. La BICIS émet une carte bancaire utilisable dans ses agences, les » points d’argent » (au nombre de quatre, installés dans les stations de service et uniquement à Dakar), ainsi que chez les commerçants affiliés à la BICIS (entre 250 et 300, répartis dans les grandes villes, principalement les centres touristiques).
Pics de retrait
A la BICIS, la carte rattachée au compte d’épargne est gratuite mais ne permet que le retrait d’argent. Trois autres tarifs existent pour l’acquisition d’une carte de retrait et de paiement dans les magasins : 10 000 FCFA (100 FF), 15 000 FCFA (150 FF) et 25 000 FCFA (250 FF). Pourtant, le prix ne semble pas être déterminant dans l’acquisition d’une carte. 33 000 cartes de la BICIS sont en circulation et Abdoulaye Samba insiste sur le fait que » la majorité des personnes possédant un compte ont aussi une carte « . » Les gens sont de plus en plus nombreux à nous en demander une « , note-t-il. » Ils ne veulent plus perdre leur temps. »
L’avantage pratique de la carte est incontestable : elle permet d’éviter les queues interminables aux guichets et de retirer de l’argent le week-end. » Nous avons des pics de retrait les samedis et dimanches « , continue Abdoulaye Samba. La banque facilite les découverts aux détenteurs du carré en plastique. » Vous n’êtes plus obligés d’aller voir votre gestionnaire de compte tous les jours « . Dans une politique d’incitation et pour prouver que ces avantages ne valent pas que pour les gens riches, la BICIS » offre » des découverts spéciaux, lors de fêtes religieuses comme la fête du mouton. Seule condition : posséder une carte.
Carte régionale
Pour les banques aussi, la carte a des avantages : » Elle permet d’ouvrir moins de caisses et donc de faire une économie de personnel « . De plus, les établissements bancaires prennent une commission sur la vente des cartes. Pour l’instant, seule la carte Visa permet de retirer dans toutes les banques mais la Société Générale est la seule à émettre la Visa au Sénégal.
Un projet de carte régionale (pour l’Afrique de l’Ouest), initiative de la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), est en cours. Devant les milliards de FCFA qu’elle dépense chaque année pour renouveler les pièces et les billets de monnaie en circulation dans la région, la BCEAO veut inciter les consommateurs à utiliser la carte bancaire.
» Le système doit être mis en place sans bouleversement : les banques vont conserver les parcs qu’elles possèdent déjà. Ce sera très positif sur le plan régional car il n’y a que la carte Visa qui peut être utilisée partout « , souligne Abdoulaye Samba. Il compte sur le bouche-à-oreille pour que l’utilisation de la carte se généralise et que le plastique remplace les liasses de billets froissés.