L’Etat mauricien ne veut plus voir les sacs de 50 sous. Trop fins, ils polluent les villes et les campagnes de l’île. A partir du 1er octobre, il sera interdit de les fabriquer. Une décision qui ne réjouit pas les producteurs de plastique.
On les voit à tous les bras. Les sacs en plastique de 50 sous sont pratiques et légers. Mais ils sont aussi terriblement polluants car, rendus fragiles par leur finesse, on les jette après la première utilisation… C’est pourquoi l’Etat mauricien a décidé d’interdire leur fabrication à partir du 1er octobre prochain. « La stratégie est de réduire de façon significative la pollution sur l’île », explique-t-on au ministère de l’Environnement. « Cela fait plus d’un an que nous évoquons l’arrêt de la production des sacs de 50 sous et nous avons mené différentes campagnes de sensibilisation. Les supermarchés les distribuent gratuitement, ce qui donne une prolifération trop importante de ces poches en plastique. Les gens les jettent dans la rue, ils polluent les trottoirs, s’accrochent aux barrières. »
Selon des chiffres communiqués dans L’Express, le plastique représente 8% des déchets générés à Maurice chaque année. Plus de 100 tonnes de matière plastique sont collectées quotidiennement et 350 millions de sacs plastique par an se retrouvent dans les dépotoirs mauriciens. Des chiffres en pleine expansion…
Problème d’épaisseur
L’épaisseur des sacs de 50 sous varie entre 12 et 17 microns. Désormais, elle ne devra pas être inférieure à 80 microns. « L’idée, c’est de pouvoir les remplacer par des sacs plus épais et si possible dégradables », précise le ministère. Le 22 novembre 2002, le conseil des ministres a avalisé l’interdiction des sacs de 50 sous. Les 22 entreprises concernées par ce marché ont donc eu un an pour se conformer à cette décision. Un délai trop court apparemment. Devant l’ultimatum du 1er octobre, l’association des producteurs de plastique monte au créneau.
« Nous sommes prêts à coopérer en augmentant sensiblement l’épaisseur des sacs afin que qu’ils soient réutilisables par les consommateurs mais cela nous demande de renouveler notre équipement. Il est impossible de changer de matériel du jour au lendemain. Il nous faut plus de temps », affirme Mounesh Mareeachalee, vice-président de l’association et par ailleurs directeur de la société Plaspak Ltd. « Mon usine se réorganise pour délaisser les sacs basiques et essayer de prendre des parts de marché dans les sacs haut de gamme, qui proviennent pour le moment de Hong Kong ou de Singapour. Cela nécessite des équipements sophistiqués. »
Intérêts économiques, intérêts écologiques
Les sacs de 50 sous représentent quelque 40% du chiffre d’affaires du secteur et, selon L’Express, « les producteurs sont unanimes : l’interdiction des sacs de moins de 80 microns affectera de manière néfaste leurs entreprises et la zone franche. » Mounesh Mareeachalee prévoit que cela « entraînera des pertes d’emplois et la fermeture de certaines usines. Cette situation provoquera à son tour une baisse de la production d’emballage pour les usines de la zone franche ». Sombres perspectives pour un marché qui génère plus de 2 000 emplois directs.
Des perspectives tempérées par le ministère de l’Environnement : « Bien sûr, les producteurs ne peuvent pas changer totalement leur mode de production et nous savons que la vente des sacs de 50 sous représente une part importante de leur chiffre d’affaires. C’est pourquoi nous proposons une transition en douceur. Nous sommes en ce moment en négociations avec toutes les parties concernées pour dégager un consensus qui servira l’intérêt national. Nous souhaitons réconcilier les intérêts économiques et les intérêts écologiques. »