Le président de la Fédération algérienne d’athlétisme Kamel Megnounif est très mécontent des résultats de l’équipe algérienne aux championnats du monde d’Edmonton. Abandon, démotivation, désertion, les athlètes algériens sont passés à côté de l’événement, revenant presque bredouilles.
Le président de la Fédération algérienne d’athlétisme, Kamel Megnounif, ne décolère pas. Les athlètes algériens ont raté leur sortie canadienne. Pour Kamel Megnounif, les Championnats du monde ont été un ensemble de regrets. Interview.
Quelles significations ont pour vous les résultats d’Edmonton ?
À vrai dire, les résultats constituent pour moi un ensemble de regrets et de déceptions. Les satisfactions sont rares. À l’exception de Louahla Malik qui a enfin éclaté et raté de 3 centièmes la finale du 400 m et de Saïdi Sief Ali qui s’est fait surprendre pour l’or, tous les autres athlètes ont évolué bien en dessous de leur niveau, même si Hacini Adem a été le plus proche de ses performances. J’ajouterai aussi, que les absences forcées de Saïd Guerni et Baya Rahouli ont été lourdement ressenties. Surtout quand je pense que la concurrente de Baya, la Camerounaise, s’est octroyée, une médaille d’argent avec un saut de 14,40 m, je ne peux qu’avoir de profonds regrets.
Avez-vous tiré déjà des conclusions ?
Bien sûr, les premières conclusions que j’ai tirées sont de trois ordres. Primo, certains athlètes, et ce sont toujours les mêmes, brillent dans les différents meetings et s’écroulent lors des championnats officiels. Secundo, il y a des athlètes qui, en dépit du soutien financier que leur offre l’Etat, ont trop de liberté, notamment ceux entraînés par des étrangers. Tertio, je pense que les couples entraîneurs-athlètes ont pris l’habitude de ne pas rendre de comptes en cas de ratage des objectifs, puisque les soutiens financiers leur sont automatiquement renouvelés. À mon avis, le redressement doit se faire sur ses trois axes.
Si on vous demandait de faire une analyse comparative entre Sydney et Edmonton, que diriez-vous ?
Justement, cette question tombe à point pour éclairer certaines zones d’ombre. Sydney a consacré une dynamique engagée plusieurs saisons auparavant. Les athlètes ciblés faisaient l’objet d’un suivi particulier et progressaient d’année en année. Les soutiens financiers évoluaient en fonction de la progression des athlètes dans une parfaite symbiose entre la FAA et le MJS. Rappelez-vous les résultats d’Annecy en juniors, de Dakar, Séville, Villamora, Alger 2000 et enfin les grands meetings.
Nous avons été jusqu’à interdire la participation des sélectionnés algériens aux meetings durant certaines périodes antérieures aux J A d’Afrique du Sud. Bien sûr, cela n’avait pas plu à certains d’entre eux. Aussi, les athlètes répondaient toujours présent aux nationaux et aux meetings d’Alger. Cette saison, cette dynamique a été cassée et Edmonton en a été le théâtre. Je peux vous affirmer que nous en reparlerons avec plus de détails au moment des bilans annuels.
Vous étiez présent à Tlemcen, alors que vous devriez être à Edmonton …
Effectivement, c’est encore une aberration. Au Mondial d’Edmonton et pour la première fois, l’équipe nationale d’athlétisme était sans son président et sans directeur technique. En ce qui me concerne, on m’a autorisé à ne rester que cinq jours pour assister au congrès de l’IAAF, sous prétexte qu’il y avait déjà un chef de délégation. On m’a sorti une réglementation qui peut de toutes les façons être appréciée selon les cas. Je pense que c’est une vision étriquée et bureaucratique. Toutes les fédérations étaient présentes à Edmonton avec leur chef de délégation et leur président. Au delà du fait qu’un président profite de telles occasions pour tisser des liens de coopération avec ses homologues des autres fédérations, j’aurais été d’un soutien psychologique pour mes athlètes. Toute cette histoire pour économiser 14000 DA alors que l’opération d’Edmonton a coûté plus de 6,5 millions de dinars.
Le bilan d’Edmonton va-t-il déboucher sur des réajustements dans votre stratégie de développement ?
Le championnat du monde d’Edmonton est pour moi un sévère avertissement. Cela nous donnera à réfléchir puisque dans deux ans le prochain Mondial se déroulera à Paris. Cela coïncidera avec l’année de l’Algérie en France ; et entonner l’hymne national dans ce pays revêt toujours un caractère particulier pour nous.
Par voie de conséquence, si durant les deux années qui nous séparent de ce rendez-vous on nous laisse faire ce qu’on avait fait avant Sydney, alors je peux vous assurer qu’à Paris ce sera meilleur qu’à Sydney. Nous allons faire nos bilans et au moment opportun nous serons critiques envers nous-mêmes et envers les autres. Pour le moment nous devons rester mobilisés car la saison n’est pas terminée puisque nous allons faire face aux Jeux méditerranéens de Tunis qui pointent déjà.
Par notre partenaire El Watan