Désorientés au début, les migrants en majorité des Soudanais, Erythréens, et Afghans, qui ont investit le collège parisien Guillaume Budé il y a deux semaines, ont peu à peu trouvé leurs marques. Alors que certains s’occupent de préparer les repas en cuisine, d’autres font quotidiennement le grand ménage, ou encore prennent des cours de français pour mieux comprendre le pays dans lequel ils se sont réfugiés. Reportage.
Au collège Guillaume Budé à Paris,
Au premier étage, dans une pièce transformée en une véritable cuisine, autour d’une grosse marmite remplie de pattes, quatre migrants, dont trois originaires de l’Afghanistan, le quatrième de l’Erythrée, s’activent pour préparer le repas du midi aux [plus de 200 réfugiés qui ont investi il y a deux semaines le collège parisien Guillaume Budé. Soutenus par des bénévoles français du collectif La Chapelle en Lutte, il faut dire qu’ils avaient dormis plusieurs mois dans la rue à leur arrivée en France avant de trouver ce lieu désinfecté. Un endroit qu’ils ont en rien de temps visiblement réussi à transformer en un véritable lieu de vie grâce à leur débrouillardise et une organisation hors pair. Le repas a été préparé avec une bonbonne de gaz offerte par l’Association chrétienne internationale, basé à Sevran, une banlieue parisienne. « On n’est aussi venu de Sevran pour les soutenir. Dès qu’on a entendu parler de leur histoire, on a tenu à apporter notre soutien en leur offrant deux bonbonnes de gaz », explique le président de l’association Benjamin Urcel.
Des réfugiés s’activent en cuisine pour servir le repas
Une fois les pattes enfin cuites, la marmite qui est descendue dans la cour du collège, posée au milieu d’une table, attirent les migrants qui attendaient avec impatience de se restaurer. Ils se mettent tous rapidement les uns derrière les autres, formant une file, pour être servis à tour de rôle. Tous près de ceux qui se restaurent, une jeune bénévole française enseigne des cours de Français à une groupe de réfugiés. « Maintenant je vais vous apprendre à vous présenter en français », leur assène-t-elle après leur avoir prodigué un cour sur la conjugaison des temps.
Un étage plus haut dans une pièce aménagée comme une véritable salle de classe, trois professeurs de français qui enseignent en région parisienne : Nicolas, Guillaume et Laure sont, eux, face à une dizaines de migrants qui ont soif d’apprendre la langue française. « On est tous les trois bénévoles et on vient ici régulièrement leur donner des cours. Parfois ce n’est pas toujours évident car on a jamais une classe fixe, on a régulièrement des nouveaux visages qui arrivent », affirme Laure, un petit bout de femme qui a pris soin d’apporter de nombreux livres et matériels scolaires. « Alors comment on procède, Guillaume tu commences à donner les cours ? », questionne Nicolas, un grand brun qui s’exprime aussi parfaitement en anglais, que la plupart des migrants maîtrisent beaucoup mieux que le français. Guillaume leur demande alors d’abord de tous se présenter avant de commencer les fameux cours.
Un des réfugiés du Soudan déguste son repas
Hormis les cours de français, les réfugiés peuvent aussi désormais se soigner. Une salle d’infirmerie a même été aménagée au premier étage. Même si pour l’heure elle est fermée, elle est souvent visitée par ceux qui sont souffrants. D’ailleurs juste à l’entrée du bâtiment, trois membres du secours populaire sont présents pour apporter leur aide sous le regard de quelques bénévoles assis sur les escaliers. Ils s’écartent tous un peu pour laisser passer le professeur de français Nicolas, qui habite à deux minutes du collège : « On va faire cours chez moi car il n’y a pas assez de place ici pour tous, dit-il dans un grand sourire. Je m’en vais donc avec ma bande d’Afghans à la maison ». En attendant, tous espèrent que la mairie de Paris qui a accepté de transformer leur nouveau lieu de refuge en un centre d’hébergement agira concrètement…
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