Les principales factions rebelles tchadiennes se sont rassemblées dans un mouvement appelé Union des forces de la résistance (UFR), pour donner un nouveau souffle à leur guerre contre le « dictateur » Déby, après la défaite de février 2008. La nouvelle alliance promet d’organiser des élections libres une fois le président renversé.
Un an après leur déroute aux portes du palais présidentiel, les mouvements rebelles tchadiens s’apprêtent à repartir en guerre contre le régime du président Idriss Déby Itno. Les huit principales factions rebelles se sont réunies dans un mouvement baptisé Union des forces de résistance (UFR), une alliance scellée dimanche dans la localité de Hadjer Marfaine, à la frontière tchado-soudanaise. «C’est historique. C’est la première fois qu’on est autant de mouvements rassemblés dans la même structure», s’extasiait le principal chef rebelle, le général Mahamat Nouri, de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), qui avait conduit l’offensive de l’année dernière, sous la bannière de la défunte Alliance nationale (AN).
«L’UFR va nous permettre de mieux lutter contre le régime»
La guerre de leadership, qui avait fini par causer la perte du mouvement en février 2008, alors qu’il était sur le point de renverser le président Déby, semble être dépassée, à en croire les déclarations des chefs des différentes factions, relayées par le journal Le Soleil. Un «terrain commun pour s’unir contre le régime», a été trouvé à la faveur de cette Union, a assuré Hissène Ahamat El Hadj, de l’Union des forces pour le changement et la démocratie (UFCD). «Nous sommes très contents. L’UFR va nous permettre de mieux lutter contre le régime», a indiqué de son côté Timan Erdimi, chef du Rassemblement des forces pour le changement (RFC). Ce dernier s’était pourtant fortement opposé au général Nouri par le passé. Des querelles que certains imputent à des considérations ethniques, Erdimi étant d’origine zaghawa et Nouri issu de l’ethnie Gorane. «Nous sommes capables de nous entendre pour défendre l’intérêt général au-delà de nos querelles de personnes ou d’intérêts égoïstes», a tenu à rassurer ce dernier, indiquant que les dissensions passées étaient dues à l’«absence de consensus».
L’Union des forces de résistance, fruit de 5 mois de négociations, vient couronner un accord entre les différentes factions portant sur un programme politique exigeant la fin de la « dictature » du président Idriss Déby. Le document prévoit une période maximum de 18 mois de transition, qui aboutirait à la tenue d’élections libres. Les rebelles promettent en outre de garantir le pluralisme politique, l’indépendance de la justice et la liberté de la presse, rapporte Le Journal du Cameroun.
Outre les mouvements cités plus haut, l’UFR compte dans ses rangs le Front pour le salut de la République (FSR) de Ahmat Hassaballah Soubiane, l’Union des Forces pour la démocratie et le développement-Fondamentale (UFDD-F) d’Abdelwahid Aboud Makkaye, le Conseil démocratique (CDR) d’Albadour Acyl Ahmat Achabach et le Front populaire pour la renaissance nationale (FPRN) d’Adoum Yacoub Koukou.
Un homme averti en vaut deux
Malgré l’assurance affichée, La marche des rebelles tchadiens sur Ndjamena risque de ne pas être une promenade de santé. Idriss Déby, qui a frôlé le pire en février dernier, est un homme averti. Selon une source militaire de la force européenne Eufor, déployée dans l’est du Tchad, citée par Le Soleil, le président tchadien, tirant les leçons de l’offensive de 2008, s’est doté « de manière intelligente » de moyens militaires « aériens et terrestres », et a réorganisé l’ensemble de sa défense. Arrivé au pouvoir grâce à un coup d’état en 1990, et reconduit dans ses fonctions lors des élections de 2006, Idriss Déby est soutenu par les principales puissances occidentales (à leur tête la France), qui avaient fermement condamné l’offensive de 2008.