Les forces rebelles tchadiennes ont pris N’Djamena au début de la matinée du 2 février 2008, se rendant maître de la totalité de la capitale à l’exception du Palais présidentiel, d’où selon certaines sources, Idriss Déby Itno aurait fui pour le Gabon.
C’est vers 8h00 du matin à N’Djamena que les combats ont commencé, à une vingtaine de kilomètres au Nord de la capitale, les positions de l’armée tchadienne étant très rapidement enfoncées par les forces rebelles, bien équipées, montées à bord de véhicules 4×4 armés de mitrailleuses lourdes, et dotées de lance roquettes et de fusils d’assaut Kalachnikov.
Victoire totale de l’offensive éclair des rebelles
L’alliance des trois rébellions tchadiennes a donc gagné son pari : mettre en déroute Idriss Déby et lui prendre le pouvoir, comme il l’avait lui même ravi à Hissène Habré au terme d’une rébellion couronnée de succès. Après des mois et des années de rébellion sporadique, les forces coalisées ont mené à bien une opération coup de poing spectaculaire : une colonne de quelques milliers de soldats est partie du Soudan, où elle a sa base arrière, pour pénétrer sur 800 kilomètres le désert tchadien, et prendre N’Djamena au terme de cette folle équipée, au cours de laquelle elle n’aura jamais été sérieusement retardée par les troupes régulières tchadiennes.
Vendredi 1er février, à Massaguet, à 50 kilomètres environ de N’Djamena, Idriss Déby Itno avait été lui-même conduire une contre-offensive afin de bloquer l’inexorable équipée… Trop tard, ou trop peu : c’était apparemment l’ultime effort de l’armée nationale tchadienne (ANT) pour sauver le pouvoir du Président. Dans la confusion qui s’en était suivi, la question s’était posé de voir l’armée française intervenir à son tour pour protéger Idriss Déby Itno, ainsi qu’elle l’avait déjà fait par le passé, sous le prétexte de sauvegarder les ressortissants français présents à N’DJamena.
La France est restée neutre… Ni pour, ni contre Déby
Mais il n’en a rien été : les soldats français présents dans la capitale tchadienne ne se sont pas mêlés des affrontements qui se sont déroulés au cours des deux derniers jours, et ils se sont bornés à regrouper quelques centaines de résidents isolés dans trois sites facilement protégés. Un certains nombre d’entre eux devraient par sécurité être transportés en France par avion dans la journée.
Toutefois, la passivité de l’armée française, qui ne s’est pas mêlée des affaires intérieures tchadiennes, a prévenu toute réaction anti-européenne de la part des rebelles ou de la population de la capitale, qui acclamait à la mi-journée le passage des véhicules des rebelles dans toutes les rues de N’Djamena.
La France n’aurait pas pour autant « lâché » Idriss Déby, dont certaines sources assuraient qu’il avait bénéficié de l’assistance de Paris pour se réfugier dans la matinée, selon certaines sources, au Gabon. Toutefois, le Quai d’Orsay affirme être en relation avec les chefs des rebelles victorieux depuis vendredi.
La situation qui devrait maintenant se dénouer d’une heure à l’autre, à N’Djamena, semble pouvoir se conclure sur une transition politique et militaire sans effusion de sang : l’alternance, sans massacres d’innocents. Une évolution rapide que beaucoup de Tchadiens, de plus en plus mécontents de l’action d’Idriss Déby Itno au fil des mois, appelaient secrètement de leurs voeux. Finalement, tout se sera joué en quelques heures.