Réunis à Arusha, en Tanzanie, sous l’égide de l’ONU et de l’Union africaine, huit groupes rebelles se sont entendus sur une liste de requêtes à présenter lors de prochaines négociations, d’ici « deux à trois mois », avec le gouvernement soudanais. Une nouvelle avancée sur la voie du réglement du conflit, malgré l’absence de certains chefs rebelles. La balle est désormais dans le camp de Khartoum.
L’éclaircie se confirme au Darfour. Huit factions rebelles, réunies à Arusha, en Tanzanie, depuis le 3 août, ont annoncé ce lundi qu’elles présenteront des revendications communes lors des prochaines négociations avec Khartoum. Un nouveau signal positif pour les populations civiles, premières victimes du conflit, après le vote mardi dernier par les Nations unies de l’envoi d’une force de maintien de la paix avant la fin de l’année. « Pour la première fois depuis longtemps, j’ai un sentiment d’espoir pour le Darfour », avait souligné Jan Eliasson, envoyé spécial de l’ONU pour le Soudan, vendredi soir, au premier jour des discussions.
Une « cessation complète des hostilités »
Partage du pouvoir, des richesses, « arrangements sécuritaires », répartition des terres et questions humanitaires figuraient au programme des débats organisés sous l’égide des Nations unies et de l’Union africaine. Aucune revendication n’a cependant filtré hors des réunions. Dans un texte diffusé lundi, les chefs politiques et militaires rebelles ont recommandé que des discussions finales se déroulent « d’ici deux à trois mois » avec le gouvernement soudanais. Les groupes présents ont indiqué être prêts à une « cessation complète des hostilités à partir du moment où toutes les autres parties prennent des résolutions similaires ». Ils ont également promis de faciliter l’accès des humanitaires à la région.
Les pourparlers d’Arusha ont enregistré la participation de huit mouvements rebelles sur une dizaine actuellement dénombrés. En mai 2006, sur les trois groupes alors en activité, seule une faction du Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM/A) avait signé un accord de paix, à Abuja (Nigeria), avec Khartoum. Son chef, Minni Minawi, a par la suite regretté la mauvaise volonté du gouvernement d’Omar el Béchir dans son application. Et l’éclatement des deux factions non signataires a coïncidé avec une augmentation de la violence et l’apparition de nouveaux groupes.
« L’incapacité de la France »
Reste que l’absence de Abdel Wahed Mohammed Nour laisse planer une ombre sur les engagements pris à Arusha. Le fondateur du Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM/A) et actuel chef d’une faction du SLM a boycotté la rencontre car la situation sécuritaire au Darfour n’était selon lui pas « propice » à cette réunion. Il a également critiqué le manque de légitimité des certaines factions présentes en Tanzanie. Jan Eliasson a toutefois laissé la porte ouverte lundi en déclarant : « Il y a une chaise qui attend (M. Nour) (…) lors des négociations finales ».
Le refus du chef rebelle de participer aux réunions a déclenché la colère de Khartoum. Le ministère des Affaires étrangères soudanais a fait savoir qu’il avait convoqué l’ambassadrice de France pour lui faire « part de l’indignation du Soudan après l’incapacité de la France à amener » M. Nour, actuellement sur le territoire français, à la table des négociations. La diplomatie soudanaise émet ainsi des doutes sur la volonté de Paris d’aider à la paix au Darfour. Pour autant, le gouvernement d’Omar El Bechir n’a pas autorisé Suleiman Jamous, ancien coordinateur humanitaire de l’Armée de libération du Soudan (SLA – faction Minawi), confiné depuis plus d’un an dans un hôpital, à se joindre aux participants.
La prochaine étape sur la voie de la résolution du conflit pourrait avoir lieu dans quelques jours. Les représentants des Nations unies et de l’Union africaine souhaitent maintenant rencontrer les autorités soudanaises afin qu’elles prennent « un engagement concret pour un cessez-le-feu ».
Image : Intérêt Général.info