Face aux privations qu’elles subissent de la part du Haut Conseil de la communication tchadien, les neuf radios assiociatives et communautaires privées que compte le pays se sont regroupées au sein de l’Union des radios privées du Tchad le 15 avril dernier. Une façon de faire entendre leur voix.
L’Union des radios privées du Tchad (URPT) a vu le jour le 15 avril dernier et fédère toutes les radios associatives et communautaires privées du pays, c’est-à-dire neuf radios. En effet, une quinzaine de stations ont obtenu le droit d’émettre de la part du Haut Conseil de la communication (HCC), depuis que la première radio privée a été conventionnée en 1997, mais toutes n’ont pas encore fait leur entrée sur les ondes.
Parce que l’union fait la force, l’URPT devrait permettre à ses membres de faire entendre leur voix et de dénoncer plus fort quelques injustices dont ils sont victimes ces derniers temps. Comme la répartition très inégale du fonds d’aide à la presse privée, doté de 35 millions de Fcfa et géré par le HCC, qui a été distribué le 29 mars dernier. La somme a été partagée entre douze journaux et les neuf radios associatives. Alors que ces dernières composent 42,86% du nombre total d’organes attributaires, elles n’ont obtenu que 6,76 millions de Fcfa, soit 19,29% de la dotation.
Privées de politique
Autre problème de taille : l’interdiction faite aux radios privées de programmer des émissions et débats à caractère politique pendant la durée de la campagne électorale pour les législatives du 21 avril prochain. Le HCC ayant même précisé que les bulletins d’information ne devaient » pas être étayés de commentaires » et que les radios » qui ne se conformeront pas à la présente décision seront suspendues pendant toute la durée de la campagne électorale « .
Une situation condamnée par Reporters sans frontières (RSF). » Les autorités s’obstinent à empêcher les radios privées de participer au débat politique en période de campagne électorale. Il y a un an, le HCC avait formulé – presque mot pour mot – la même interdiction lors de la campagne pour l’élection présidentielle. Il est inadmissible que seuls les médias audiovisuels publics puissent se faire l’écho de ces élections. Tout porte à croire que les autorités se réfugient derrière des arguments techniques (l’incapacité du HCC à contrôler l’équilibre du temps d’antenne de chaque parti sur les radios privées, ndlr) pour priver la population du pluralisme de l’information « , a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
L’Union des radios privées du Tchad semble être une réponse à ces privations, qu’elle aura sans doute du mal à gommer.