L’Egypte est outrée qu’un concours, qui doit élire « Les 7 nouvelles merveilles du monde », ose mettre au vote les pyramides de Gizeh, seuls vestiges des 7 merveilles désignées par Antipater de Sidon sous l’Antiquité. Le concours mondial, lancé par Bernard Weber, cinéaste suisse-canadien, appelle les internautes à voter pour les monuments qu’ils considèrent comme les plus prestigieux.
« C’est un complot ourdi contre l’Egypte et sa civilisation » a tonné, vendredi, l’éditorialiste du journal gouvernemental Al Akhbar, Al-Sayed al-Naggar. Le patron des Antiquités égyptiennes, Zahi Hawass, blessé, a déclaré : « C’est la seule des sept merveilles de l’Antiquité encore existante, et elles n’ont pas besoin de cela, c’est grotesque !».
« Les 7 nouvelles merveilles du monde », c’est le nom du projet qui secoue si violemment le pays des Pharaons. Il consiste à choisir par élimination son monument favori, en envoyant un SMS ou un email sur le site new7wonders.com.
Lors de son récent séjour en Egypte, Bernard Weber, ancien assistant du cinéaste italien Federico Fellini, a été censuré par les médias locaux, et toutes les portes officielles lui sont restées fermées. Pour le ministre égyptien de la culture, la compétition organisée par Weber est insensée et a été mise en place pour arranger « son autopromotion ». Quant au journal El-Ahram, il l’a qualifiée de farfelue.
Pour Bernard Weber, les Egyptiens aurait dû profiter de sa venue pour l’interroger sur la présence des pyramides de Gizeh dans la compétition. « J’avais bien pensé les mettre hors concours, mais les internautes les auraient de toutes manières remises d’eux-mêmes en lice », a-t-il déclaré à l’AFP. Il a expliqué que son objectif premier n’était pas de porter préjudice au mythe des 7 merveilles du monde mais de l’actualiser. « Je crois qu’après plus de 2000 ans, il est temps de redéfinir les merveilles du monde», a-t-il déclaré.
Faire revivre le mythe des 7 merveilles du monde
Ce projet a été lancé en l’an 2000 à l’Opéra de Sydney, à l’initiative des fondations The new open world et The new 7 wonders, la fondation de Bernard Weber. Il est soutenu par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Parmi les 77 monuments nominés en 2005, une liste de 21 monuments présélectionnés, par une équipe d’experts internationaux, présidée par l’ancien secrétaire de l’Unesco, Federico Mayor, a été établie.
Dans ces sites sélectionnés, figurent, notamment : le Taj Mahal (Inde), la statue de la Liberté (Etats-Unis), la Grande muraille de Chine (Asie), le Machu Picchu (Amérique Latine), la ville de Tombouctou (Afrique), l’Opéra de Sydney (Australie), La tour Eiffel (Europe) et tant d’autres. Sans oublier, le seul site de l’Antiquité qui a survécu, jusqu’à nos jours : le complexe pyramidal de Gizeh, symbole de la suprématie et de la grandeur de l’Egypte antique.
Le concours est original car il invite tous les citoyens du monde à prendre part au processus, pour la première fois de l’Histoire. « Si nous parvenons à créer des nouveaux symboles en respectant la diversité culturelle, nous pourrions aider à la création d’une nouvelle conscience mondiale » a affirmé Bernard Weber.
Par ailleurs, les organisateurs récoltent également des fonds, dont la moitié servira à des efforts de restauration, par exemple, celle des Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan détruits par les talibans.
Le 7 janvier 2007, à Lisbonne, lors d’un show, les 7 merveilles de l’Antiquité seront complétées par les 7 merveilles du monde moderne. Le cinéaste espère que ces sites, une fois choisis, deviennent le symbole de l’unité dans le monde moderne, tout comme les 7 merveilles du monde étaient ceux de l’Antiquité.
Le complexe de Gizeh
Vers 140 avant JC, une liste attribuée à Antipater de Sidon énumère les 7 merveilles du monde antique. Cette liste inclut : les jardins suspendus de Sémiramis, le Temple d’Artémis d’Ephèse, la Statue de Zeus à Olympe, le Mausolée d’Halicarnasse , le Colosse de Rhodes, Le Phare d’Alexandrie et le complexe pyramidal de Gizeh.
Gizeh, située sur la rive gauche du Nil, face à la vieille ville du Caire, est un haut lieu touristique mondial grâce aux célèbres pyramides de Kheops, de Képhren et de Mykérinos, ainsi qu’au sphinx. Ce site est parcouru, chaque année, par des millions de touristes. Hormis le fait que Gizeh soit une fierté nationale, il est une manne pour l’économie du pays. Une réalité qui n’est pas sans rapport avec la colère des Egyptiens.