La filière coton du Bénin est en pleine crise. Les producteurs menacent de marcher vers le siège présidentiel s’ils ne recouvrent pas les dettes de la campagne de l’année dernière. Première visée, l’entreprise publique Sonapra se défend en accusant les producteurs d’avoir raté le train des réformes.
» Nous ne sommes pas redevables vis à vis des producteurs. Il est vrai que nous avons contracté des dettes auprès de la Centrale de Sécurisation des paiements et recouvrements (CSPR) comme tous les autres égreneurs. Mais depuis la restructuration de la filière, nous n’avons pas de contact direct avec les producteurs « , explique Jocelyn Nenehidini, cadre à la Sonapra, entreprise publique béninoise de coton.
Les producteurs, fortement endettés et n’ayant pas recouvert les dettes de la précédente campagne, menacent de marcher sur le palais de la Marina, siège présidentiel. Ils reprochent à la Sonapra de ne pas honorer ses dettes et demandent à l’Etat d’intervenir. Les explications de la Sonapra ne calment pas la colère des producteurs. Ils l’accusent de traîner les pieds pour payer alors que les producteurs privés se sont acquittés de toutes leurs dettes.
Système asphyxié
Depuis la réforme de la filière coton, l’entreprise publique a perdu le monopole sur la production et la commercialisation du coton-graine. » La libéralisation a laissé plusieurs producteurs sur la route. Ils n’ont pas su négocier le virage économique. Ils n’ont pas compris que l’Etat s’est désengagé de la chose économique. Leur marche vers le palais de la Marina explique bien qu’ils pensent toujours que l’Etat est aussi gestionnaire « , analyse Jocelyn Nenehidini.
Tous les acteurs arrivent à la même conclusion : le système asphyxie. La Centrale de Sécurisation des paiements et recouvrements (CSPR), organisme qui rétribue les producteurs, se débat avec ses débiteurs pour récupérer ses créances. Sans grands résultats. Et le dernier jugement de la Cour suprême n’est pas fait pour rassurer la filière. La justice avait dans un premier temps autorisé la CSPR à opérer la saisie des biens et marchandises de l’entreprise privée MCI – qui n’arrivait pas à rembourser ses dettes -, avant que la Cour suprême ne casse le jugement. Au ministère de l’Agriculture, on ne cache pas que la crise risque de s’aggraver si les cours du coton ne remontent pas. Et d’accuser les pays occidentaux, coupables de subventionner leurs filières.
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