La flambée des prix ne concerne pas que les denrées de première nécessité dont la fluctuation est liée à l’invasion de l’Ukraine par le Russie. Les prix des moutons ont connu une hausse vertigineuse au Sénégal, à moins de deux mois de l’Aïd el-Kébir.
La situation est déjà compliquée au Sénégal où les cris fusent de partout, du fait notamment de la hausse des prix de quasiment toutes les denrées. L’huile (surtout), le lait, le riz, la viande… Tous les prix ont augmenté, au grand désarroi des consommateurs sénégalais, qui ne cessent de crier leur ras-le-bol, à chaque fois que l’occasion leur est offerte. Que cela soit à la radio, à la télévision ou tout simplement dans la rue, tellement la situation est inhabituelle. «Des prix que l’on change selon ses humeurs, c’est la première fois que je vis cela au Sénégal», déplore cette bonne dame, la cinquantaine, foulard bien noué sur la tête, laissant apparaître un front légèrement ridé, sous le poids non pas seulement de l’âge, mais aussi des soucis vécus au quotidien, du fait d’une conjoncture plus qu’inquiétante dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
«Déjà qu’on avait du mal à tenir face à la situation antérieure, imaginez maintenant ce que nous vivons en ce moment», fulmine-t-elle. Pourtant, le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, a débloqué une enveloppe conséquente visant à octroyer une somme de 80 000 FCFA à quelque 500 000 ménages. «Pour soulager qui ? Peut-être les militants de son parti et alliés. Car personnellement, je n’ai jamais bénéficié d’une quelconque aide que ce soit. D’ailleurs, je ne sais même pas sur quelles bases ces aides sont allouées et comment faire pour y avoir droit. Je n’ai jamais entendu de communiqué indiquant comment procéder pour en être bénéficiaire. Je tends mes mains vers le bon Dieu et espère que tout ceci soit derrière nous, un jour. Cette situation est très pénible», confie la bonne dame.
«Les commerçants sont de mauvaise foi»
Au marché central de Thiès, les commerçants sont tous vus d’un mauvais œil. Ils sont accusés d’être à la base de la hausse des prix. «Le carburant n’a pas connu de hausse sur son prix, de même que le gaz. Nous avons tous entendu le gouvernement annoncer que des efforts sont fournis pour stabiliser les prix des carburants et les maintenir tels quels, tant que possible, pour éviter toute surenchère imputée à la hausse du transport directement lié au carburant. S’il n’y a pas de hausse à ce niveau, comment comprendre que les prix de toutes les denrées flambent, même ceux qui sont produits ici au Sénégal. C’est inadmissible ! Les commerçants sont de mauvaise foi. Ils profitent de toute situation pour faire des profits. Pour des croyants dans un pays qui se dit musulman. C’est triste et dégoûtant à la fois», condamne l’homme, les yeux derrière des lunettes de soleil, qui cachant mal sa colère.
Au foirail de la ville de Thiès, c’est un calme relatif qui règne. Des moutons, il y en a en nombre et en qualité, mais pas pour toutes les bourses, comme à la belle époque. La raison ? «On achète les moutons très cher et il faut les transporter, ce qui est très cher. Tout le monde connait les aléas de la route, avec tout ce qu’il y a comme tracasseries policières. Les transporteurs tiennent compte de tous ces éléments lorsqu’ils fixent leurs prix», justifie Aliou, vendeur de moutons. «Celui-là ? Je peux te le vendre à 130 000 FCFA seulement», lance-t-il à un homme venu acheter un mouton pour le baptême de son fils prévu demain samedi 21 mai. «Que se passe-t-il ici ? Tous les moutons sont chers !», s’exclame l’homme, visiblement déboussolé. Il dit craindre déjà pour la Tabaski (Aïd el-Adha).
«Actuellement, les prix des moutons ont grimpé»
En effet, plus que cinquante jours pour la fête du mouton, prévue vers le 10 juillet prochain. Si le Sénégalais lambda n’a pas encore la tête à cette fête très importante au pays de la Téranga, les éleveurs, eux, ont déjà fait leurs projections. «Il y aura un sérieux problème à la Tabaski. Vous voyez que les gens se plaignent déjà, alors que nous sommes encore à quelques semaines de la fête. Cette année est très particulière. Il y a non seulement la hausse de tous les prix, imputée à la crise en Ukraine. Même les prix des moutons sont impactés. A cette situation s’ajoute les sanctions de la CEDEAO contre le Mali, ce qui fait que pour cette année, le Sénégal ne pourra pas compter sur les moutons en provenance du Mali. On sait que ce sont plusieurs milliers de moutons qui quittaient ce pays voisin pour approvisionner le marché sénégalais», alerte notre interlocuteur.
«Actuellement, les prix des moutons ont grimpé. Ceux qui étaient habituellement vendus à 100 000 FCFA nous reviennent quasiment à 125 000 FCFA. Si on y ajoute le transport et les frais divers pour espérer s’en tirer avec une marge unitaire de 5 000 FCFA, nous ne pouvons pas vendre ces moutons à moins de 140 000 FCFA l’unité. Vous voyez un peu comment se présente la situation ? Et ceci, c’est à presque deux mois de la Tabaski. Imaginez maintenant la situation à l’approche de la fête ! Il y aura forcément une très forte tension autour des moutons. Et je pense que les Sénégalais en sont conscients. La situation est très préoccupante, même pour nous les vendeurs de bêtes», conclut Aliou, qui n’a pas manqué d’interpeller les autorités afin qu’elles prennent les dispositions nécessaires.