Marc Ravalomanana se dit victorieux des élections présidentielles. Le riche homme d’affaires malgache, nouvellement converti au protestantisme, récuse les résultats officiels. Il a déplacé la protestation dans la rue. Zoom sur un candidat énigmatique.
» Les chefs de l’Eglise ont déclaré qu’ils nous donnaient leur bénédiction et que nous avions carte blanche. » L’homme qui invoque Dieu dans tous ses discours, Marc Ravalomanana, est peut-être le futur président du Madagascar. Si Dieu le veut. L’homme d’affaire prospère, reconverti dans la politique, rassemble quotidiennement des centaines de milliers de fidèles dans les rues d’Antananarivo. Il conteste les résultats du scrutin. Il veut être élu à la tête de son pays sans aller au second tour, prévu pour le 24 février. En haut du podium, il harangue la foule et les forces de l’ordre avec une aisance surprenante. En malgache. Car le maire de la capitale ne parle pas la langue de Voltaire bien que son pays soit majoritairement francophone.
Le roi du yaourt se rêve président
Appel à la rébellion. » Je demande à l’armée, à la gendarmerie et à la police de répondre à l’appel de cette foule d’un million de Malgaches à les défendre. Votre mission est de défendre le peuple malgache, je suis sûr que vous connaissez votre métier et que, malgré les ordres que vous pourriez recevoir de vos officiers, vous poursuivrez votre mission, surtout dans des circonstances exceptionnelles comme celles-ci « . Marc Ravalomanana a engagé lundi dernier un bras de fer avec son rival sortant Didier Ratsiraka. Manifestations publiques, grèves dans l’administration… Le pays est au bord de l’explosion.
Né le 12 décembre 1949 à Imerinkasinina dans la banlieue de la capitale de Madagascar, Marc Ravalomanana a été élu maire d’Antananarivo en 1999 sans étiquette politique, avec pour seul slogan » J’aime Tana « . Père de quatre enfants, le maire est obsédé par la propreté. » Après chaque rassemblement, les services municipaux d’hygiène nettoient toutes les rues. C’est vrai que depuis qu’il a été élu maire, Tana n’a jamais été aussi propre « , témoigne un journaliste de Midi-Madagascar. Ses rivaux tournent en dérision son » obsession » de l’hygiène. » Il ferait un bon ministre de l’Irrigation. Il est toujours entre une campagne d’assainissement et une opération de lavoirs et de bains-douches publiques « , ironise un conseiller municipal.
Dieu, Saint-Marc et laiterie
» Self-made man, il a, à 33 ans, transformé la petite laiterie familiale en une entreprise industrielle de dimension internationale, le groupe TIKO S.A., avec l’appui de la Banque Mondiale et en développant des partenariats avec d’autres groupes internationaux. Il en est le PDG depuis 1982 « , explique le webmaster du site dédié à » Marc « . Le petit fabricant de yaourt est devenu la principale fortune de Madagascar. Son groupe emploie 5 000 personnes et représente » près de 100.000 emplois induits « .
Son ascension a été favorisée par sa chaîne de télévision, Malagasy Broadcasting System, et sa radio qui amplifient le moindre de ses gestes. Avec un discours très simpliste -vous aussi vous pouvez être beau et riche comme moi- il séduit les classes moyennes, laminées par les programmes du Fonds monétaire internationale.
Le nouveau calviniste et vice-président de l’Eglise de Jésus-Christ à Madagascar (FJKM, Eglise réformée) a mis de son côté les religieux, très influents au Madagascar. Les différentes églises ont appelé à voter pour lui lors du scrutin du 16 décembre. Marc ne doute pas. Dieu veut qu’il devienne président. Et Sa volonté sera faite. Même si cela passera par la rue.
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