Une nouvelle architecture internationale du développement, c’est le titre du rapport 2010 sur les pays les moins avancés (PMA) de la conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED). Innovation technologique, adaptation aux changements climatiques, meilleure gestion des ressources financières et minières… Présenté jeudi lors d’une conférence de presse à Paris, il préconise des axes de développement aux pays les plus pauvres.
Les PMA, qui sont pour la majorité africains (33 pays sur 49), sont plus vulnérables aux effets de la crise économique mondiale. Pour améliorer la situation, le rapport 2010 de la CNUCED sur les pays les moins avancés dégage des objectifs prioritaires. Parmi eux, la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie de développement, plus rapide, et l’amélioration de la gestion de l’aide internationale. Selon Habib Ouane, directeur de la division de la CNUCED chargée de l’Afrique, « il faut mettre l’accent sur les capacités de productivé, le développement des infrastructures, l’amélioration de la production dans le secteur agricole, et le développement des capacités endogènes de chaque Etat».
Les priorités du développement des PMA
L’innovation technologique représente un obstacle sérieux pour ces pays. La nouvelle architecture internationale du développement devrait viser à accorder plus d’importance aux transferts de technologie et de savoir-faires fondamentaux, pour améliorer les capacités productives des PMA. Pour M. Ouane, la technologie est un facteur de développement essentiel qui ne doit pas être négligé: « La dimension technologique a été oubliée dans ces pays. Elle doit pourtant faire l’objet d’une attention particulière dans les mesures internationales ».
La maîtrise des changements climatiques a longuement été abordée. En effet, le rapport indique que les 49 pays les plus pauvres de la planète ont besoin d’un financement accru et mieux conçu pour faire face aux difficultés liées à ces évolutions. Cette aide devrait passer de 4 à 17 milliards de dollars par an, d’ici 2030. Le directeur des biens publics mondiaux du ministère français des Affaires étrangères et européennes, Philippe Thiebaud, a ainsi insisté sur « la mise en place d’une assistance technique dans ces pays pour mieux maîtriser les changements climatiques ».
Stabiliser les fluctuations des prix des matières premières
La volatilité des prix des matières premières constitue un véritable frein au développement des PMA. « La problématique des matières premières et minières doit faire l’objet d’une plus grande attention de la communauté internationale. L’objectif est de permettre une évolution plus stable des cours », affirme Habib Ouane. Selon lui, « ces pays doivent utiliser leurs propres ressources minières pour accélérer leur développement ».
En République démocratique du Congo (RDC), par exemple, la situation est particulièrement complexe en raison de la volatilité des prix du secteur minier. La RDC est aussi confrontée au dynamisme croissant des pays asiatiques tels que la Chine. Dans le secteur des industries extractives, elle a notamment perdu 100 000 emplois. D’après M. Ouane, « la solution est de diversifier les partenariats économiques pour espérer une croissance de l’emploi du secteur de la mine ».
Plusieurs mécanismes de régulation ont été mis en place pour stabiliser la fluctuation des prix des matières premières. Des pays comme le Botswana en bénéficient déjà. « L’objectif est de créer un système efficace qui permettra d’anticiper les changements des cours. Il faut aussi renforcer leur capacité de gestion de leurs propres ressources naturelles », explique M. Ouane.
Un contrôle plus accru de la gestion de l’aide
Les PMA sont confrontés à une autre difficulté : la gestion de l’aide financière internationale. Les populations de ces pays ne bénéficient pas toujours de ces fonds trop souvent détournés par les Etats en place. Pour lutter contre ce fléau, des mécanismes ont été mis en place pour contrôler l’utilisation de ces flux financiers. Ce système, quand il est appliqué, est efficace, selon M.Ouane. « en Afrique, des pays comme la Tanzanie, l’Ouganda, et le Mozambique, en ont déjà bénéficié. Ce qui s’est révélé positif dans leur développement», assure-t-il. « Les populations de ces pays ont le droit de connaître les actions des pays donateurs », ajoute M. Thiebaud.
Les défis auxquels devront faire face les PMA pour 2011-2020 sont de taille. Le principal objectif pour ces pays est d’accéder à une croissance durable et sensiblement plus élevée qui leur permettra de rattraper leur retard. Le tourisme serait une piste à retenir pour l’Afrique, précise M. Ouane. « Ce secteur a un fort potentiel de croissance, estime-t-il. L’objectif est de le transformer en un tremplin pour l’emploi. Le Cap-Vert et le Botswana, ne sont plus dans la catégorie des PMA depuis 2007, grâce en partie à une politique judicieuse du tourisme. Le Sénégal est aussi sur cette lancée». Reste à savoir désormais si les pays les plus riches qui se sont engagés à investir dans l’économie des PMA tiendront leurs promesses.
Consulter le rapport 2010 de la CNUCED