L’économie de la médecine traditionnelle profite de la crise en Côte-d’Ivoire. Le coût élevé des médicaments pousse les malades à se fournir en plantes médicinales sur les marchés du pays.
Ecorces, feuilles et graines en tous genres envahissent les étals des marchés ivoiriens. Le commerce des plantes traditionnelles est en forte progression dans le pays où, depuis une dizaine d’années, la crise a fait flamber les prix des médicaments. La baisse du pouvoir d’achat a également contribué à écarter les populations les moins aisées d’un système de santé trop cher.
Pour quelques dizaines de francs, de 25 à 100 Fcfa, les malades trouvent remède à leurs maux les plus divers : hypertension, diarrhée, paludisme » et même certaines maladies opportunistes du sida « , assure le docteur Madeleine Vonga, directrice du programme national de promotion de la médecine traditionnelle au ministère de la Santé. Les vertus de certaines plantes intéressent, par ailleurs, les laboratoires ivoiriens où des études sont réalisées en vue de leur exploitation.
Contrôler le marché
Cette économie parallèle en plein essor évolue hors réglementations commerciale et sanitaire. L’activité attire en masse les petits vendeurs qui réalisent en moyenne 2 000 Fcfa de bénéfices par jour. » Ces commerçants se fournissent majoritairement auprès des guérisseurs dans les villages « , explique Mme Vonga. La directrice du programme national de promotion de la médecine traditionnelle précise cependant, qu’à l’heure actuelle, » il n’existe aucun moyen de s’assurer de la provenance et de la qualité des plantes « . Certains revendeurs les achètent quand d’autres les cueillent eux-mêmes. Et en l’absence de contrôle, ces produits ne sont pas disponibles en pharmacie. Ce qui laisse aux vendeurs une grande liberté tant sur les prix que sur la qualité des végétaux.
Au mois de mars prochain, la direction de la médecine traditionnelle devrait lancer une campagne de recensement pour dénombrer les points de vente et la diversité des plantes commercialisées sur les étals. Un moyen de contrôler ensuite les réseaux d’approvisionnement. Les prix, qui sont aujourd’hui librement pratiqués, seront » homologués par l’Organisation mondiale de la santé afin de permettre à chacun d’accéder aux soins de façon plus sûre « , précise Madeleine Vonga.