La recrudescence des pirates concurrence sérieusement le Réseau câblé égyptien. Un piratage organisé qui occasionne de lourdes pertes pour l’opérateur national et les éditeurs des chaînes privées. Ils ont décidé de porter plainte contre les fautifs. Une action complétée par la traque policière des câblo-opérateurs hors-la-loi.
Les pirates télé font bisquer. Des bureaux piratent au grand jour les chaînes câblées et satellites. De quoi provoquer l’ire du Réseau câblé égyptien (CNE), seul organisme habilité à diffuser les programmes du bouquet et du réseau filaire. Il subit un préjudice financier important qui se répercute également sur les éditeurs des chaînes privées. Pour se protéger, ils comptent sur le système judiciaire et sur l’intervention de la police.
Il existerait quelque 150 bureaux pirates à Alexandrie et plus de 90 au Caire, selon le Journal Al-Ahram Hebdo. Des chiffres qui seraient bien en deçà de la réalité, compte tenu de la clandestinité de l’activité. Le phénomène s’est fortement accentué en 2002. Une expansion que la crise économique n’a fait que soutenir. Les pirates travaillent en réseau à partir de chez eux ou dans des bureaux. Ils achètent parfois des paraboles et des décodeurs à des enseignes bien au fait de leur activité. Ils sont alors fin prêts à alimenter jusqu’à 150 foyers dans les quartiers populaires.
Le prix de l’abonnement mensuel tourne autour de 30 livres égyptiennes (4,24 euros), soit un tiers du prix proposé par le CNE. De quoi attirer les petits portefeuilles et même les classes moyennes. Les câblo-opérateurs hors-la-loi attirent ainsi les clients potentiels de la CNE. Nombre d’abonnés ont d’ailleurs déjà quitté le Réseau câblé égyptien. Une désertion qui constitue également une grosse perte d’argent pour les chaînes piratées, qui reçoivent en temps normal des redevances du réseau légal. Si les troubles économiques se poursuivent, même les citoyens aisés pourraient en venir à bouder les services de la CNE.
Haro sur les pirates
Pas question toutefois de rester les bras croisés. Beaucoup ont choisi les tribunaux pour contre-attaquer. A l’heure actuelle, quelque « 700 procès ont été intentés pour mettre fin à ce commerce illégal », souligne Journal Al-Ahram Hebdo . Aucun pour le moment n’aurait encore abouti.
Sur le terrain, les choses semblent bouger plus vite. La police égyptienne vient de déclarer la guerre aux pirates. Elle a fermé plusieurs bureaux. Un combat qui promet d’être de longue haleine. Car cette traque risque de pousser les trafiquants un peu plus dans la clandestinité. Mais cette recrudescence de la piraterie aura eu au moins une conséquence positive. Pour réduire ses pertes, le CNE va prochainement baisser le tarif de l’abonnement mensuel.