Ils sont tout jeunes, mais ne manquent pas de talent .Venus de la forêt dense à 370 km d’Abidjan, les petits danseurs d’Issia ont conquis le cœur de milliers de personnes au Marché des arts et du spectacle africain (Masa). Leur spectacle a tellement marqué les esprits que de nombreux acheteurs de spectacles se sont bousculés à leur porte en vue d’une future représentation internationale.
De notre correspondant Mamadou Mbengue
Le Marché des arts et du spectacle africain (Masa) 2003 restera gravé dans la mémoire de beaucoup de spectateurs venus suivre tout ce que l’Afrique regorge de richesses culturelles. Le spectacle des jeunes danseurs d’Issia a laissé jusque-là la plus forte impression. On les appelle les tout-petits parce que le plus âgé n’a que 15 ans dans le groupe de 15 personnes (dont trois choristes et quatre musiciens). Ils ont fait mieux que leurs aînés. Ilst respirent la maturité et suscitent l’admiration. Des voix pareilles à celle de rossignols, des batteurs aux doigts magiques, des talentueux danseurs maîtrisant à la perfection le didissabré, une danse du plein-pays bété.
A leur entrée sur la scène, les choristes et les musiciens créent une sorte de dialogue vocal afin de permettre aux danseurs de monter sur scène. Magnifique. La beauté du geste leur vaut un tonnerre d’applaudissements de la part d’un public conquis. Puis le maître de cérémonie entre sur scène et invite les jeunes à se produire. Sur un air endiablé de calebasse accompagné de tam-tam, les gamins se mettent en mouvement. Un à un, ils revisitent l’ensemble de patrimoine didissabré dans la danse bété. Elle nous rappelle le breakdance (danse hip-hop). Le plus petit du groupe est celui qui retient le plus l’attention. On le surnomme «la star d’Issia ». Les flashs des appareils photos crépitent. Ses déplacements sur scène rendent le spectacle plus vivant, plus attrayant. La démonstration du groupe est époustouflante. A tel point qu’elle leur a permis de nouer plusieurs contacts avec des acheteurs de spectacles venus de divers horizons.
Un groupe qui fait son chemin
Le groupe d’Issia est en train fait son petit bonhomme de chemin. Fondée en 1966, la troupe a formé plusieurs danseurs de la région. « C’est presque devenu une école chez nous, nous tirons notre source d’inspiration des chants et des danses du village .Le soir, les gens chantent et dansent avec des calebasses munies de perles », explique Raphaël Tape, président de la troupe. Selon lui : « L’objectif est de former uniquement des jeunes dont l’âge varie entre 7 et 15 ans ». Une fois cet âge atteint, la personne doit quitter le groupe pour céder la place aux plus jeunes. Pour intégrer la troupe, il faut au préalable passer un test organisé au village. « La sélection est rigoureuse car seuls les talentueux sont retenus. »
Pour Jean Philip Niango, manager du groupe et conseiller d’action culturelle de formation, la troupe a presque acquis ses lettres de noblesse tant au niveau national qu’international. Les petits danseurs d’Issia ont participé à quasiment toutes les fêtes nationales du pays. Mieux, ils obtiennent le 3ème prix du Fesnac (Festival national des arts et de la culture) en 1997 et le second prix en 1998. Sur l’échiquier international, ils se sont envolés vers diverses destinations : Sénégal, France, Etats-Unis, Hollande, Suisse, Chine… La marche glorieuse des petits danseurs d’Issia ne s’arrêtera pas là car déjà sur leur agenda, ils se sont donnés rendez-vous avec plusieurs acheteurs de spectacles au Brésil, en France et au Canada.