La Caisse d’Epargne du Togo a lancé le 1er octobre dernier un produit financier appelé à lutter contre la pauvreté dans monde paysan. Soutenu par l’Etat, le Plan Epargne Rural Crédit dépasse la frilosité des banques à accorder des prêts aux ruraux et vise à introduire une nouvelle dynamique économique dans les campagnes.
Le nouveau produit financier de la Caisse d’Epargne du Togo, le Plan Epargne Rural Crédit (Perc), ouvre enfin les prêts aux paysans du pays. En partenariat avec l’Etat, le Perc se veut un instrument de lutte contre la pauvreté dans le monde rural en finançant les projets et l’activité dans les campagnes.
Le principe est simple. Il s’agit d’ouvrir un compte auprès de la Caisse d’Epargne, avec un minimum de 5 000 F CFA, et d’y verser de l’épargne pendant au moins six mois. Passé ce semestre, la banque peut alors accorder un crédit allant jusqu’à trois fois les sommes épargnées. Le compte reste ouvert pendant toute la durée du Plan et permet d’effectuer des transactions courantes.
Pour un développement économique rural
» Jusqu’ici, les paysans n’avaient pas accès aux services de prêts dans le pays. Les banques sont réticentes à leur prêter de l’argent car ils n’ont pas de garantie pour prévenir les défauts de recouvrement. Elles préfèrent accorder des crédits aux fonctionnaires parce que les remboursements sont automatiques. Ils s’effectuent par des prélèvements directs sur les comptes. La Caisse d’Epargne a une politique de proximité. L’idée du Perc est née suite à un séminaire de l’Institut mondial des Caisses d’épargne sur les femmes en milieu rural en février dernier « , explique Elise Tiembé du Service étude et développement commercial.
Pour effectuer un réel travail de terrain, la Caisse d’Epargne du Togo a signé un partenariat avec l’Institut de conseil et d’appui technique (Icat), un organisme d’Etat dépendant du ministère de l’Agriculture et implanté dans tous les villages. Les conseillers agricoles de l’Icat sont appelés à jouer un rôle de sensibilisation auprès des populations. Ils auront également pour mission de guider les paysans dans une bonne utilisation des crédits alloués.
Prévenir les impayés
» Avant, nous accordions des crédits aux groupements de paysans. Mais lorsqu’il y avait défaut de paiement, personne ne se sentait véritablement responsable. Le Perc réintroduit la responsabilité individuelle. La responsabilité n’est plus diluée « , analyse Elise Tiembé.
Pour prévenir les éventuels problèmes de recouvrements de créances, la banque compte même s’adresser directement aux grands partenaires commerciaux des paysans pour assurer le remboursement des crédits. La Société togolaise de coton (Sotoco), qui centralise les cueillettes de tous les producteurs, est amenée à verser directement à la Caisse d’Epargne l’argent des récoltes pour couvrir les dettes.
Il est trop tôt pour évaluer le véritable impact du Perc car, actuellement en phase d’épargne, aucun crédit n’a encore été accordé. Toujours est-il que le produit a rencontré un profond engouement dans les campagnes. » Nous étions débordés, avant même son lancement officiel « , témoigne-t-on au siège de la banque. Une preuve, s’il en est, que les besoins existent.