Les Emirats Arabes Unis ou encore le Koweït seraient devenus des destinations phares pour les imams du Maroc. Plusieurs religieux y auraient déjà trouvé refuge alors que d’autres seraient tentés par l’aventure. Pourquoi ?
Le Maroc, notamment réputé pour investir dans les constructions de mosquées en France ne le ferait pas assez pour ses propres mosquées. A en croire un article du site Yabiladi, de plus en plus d’imams marocains s’envoleraient vers les pays du Golfe. La motivation principale serait le salaire. Le temps où les religieux se contentaient du strict minimum semble révolu. Et pour cause, le salaire moyen d’un imam marocain est, selon Yabiladi, de 1 000 dirhams par mois, à peine 90 euros, versés par le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Une goutte d’eau, bien que l’Islam ne reconnaisse pas la fonction d’imam en tant que telle. Toute personne qui possède le savoir, la science peut diriger l’office religieux. Mais les imams jouent un rôle prépondérant dans la consolidation de la monarchie. Ils ont, par exemple, encouragé les citoyens marocains à aller voter lors de l’adoption de la nouvelle Constitution le 1er juillet 2011.
Un rôle politco-religieux
Ce vendredi-là, les imams de tout le royaume auraient été priés de consacrer leur prêche à encourager les fidèles à aller voter « oui » dans les urnes. Ils ont, comme n’importe quel imam crédible, un pouvoir d’influence. On le remarque également en France où lorsque des affrontements ont lieu dans les banlieues, les imams sont appelés à parler aux jeunes pendant les fameux prêches du vendredi.
Une telle proximité avec les citoyens devrait permettre aux imams marocains d’assurer de meilleurs revenus. Au contraire. Il y a un an, des imams défilaient à Rabat, la capitale, pour réclamer moins de contrôle de la part du ministère des Habous et des Affaires islamiques mais aussi, et surtout, une amélioration des conditions sociales. Une première au Maroc où les religieux ont eu le droit ce jour-là, eux aussi, à une opération de répression.
Contrer le wahhabisme
La seconde raison, et c’est celle-ci qui arrangerait les pays du Golfe, est de contrer le wahhabisme. Le roi Hassan II avait favorisé l’implantation de cette mouvance rigoriste de l’orthodoxie sunnite fondée par Mohammed Ben Abdelwahab. Mais depuis les attentats de Casablanca en 2003, le roi Mohammed VI a « structuré le champ religieux » et a adopté une politique d’opposition au wahhabisme. Les pays du Golfe et le Maroc auraient aujourd’hui ce même objectif. Les imams marocains, réputés « modérés », seraient donc les bienvenues aux pays du Golfe.
Contacté par Afrik.com, un représentant de l’Institut français d’Etudes et de Sciences Islamiques ne croit « absolument pas en cette thèse ». Selon lui, « les pays du Golfe n’ont pas besoin de recourir aux imams marocain ». « Il peut y en voir, confie-t-il, si l’unique but est la rémunération ». Afin d’en avoir le coeur net, Afrik.com a en premier lieu tenté de joindre le ministère des Habous et des Affaires islamiques, toutefois aucune réponse n’a été apportée.