Les habitants de la bande de Gaza, soumis à un blocus israélien depuis le 17 janvier, traversent en masse et illégalement, ce mercredi, la frontière égyptienne de Rafah pour s’approvisionner en produits de première nécessité. Israël a exprimé son inquiétude face à cet exode provisoire permis par le président égyptien Hosni Moubarak.
Des milliers de Palestiniens se ruent ce mercredi vers l’Egypte par les brèches créées à l’explosif par le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, dans le mur de 7km qui fait office de frontière entre les deux territoires, au niveau de la ville de Rafah. Gaza est soumis à un blocus israélien depuis le 17 janvier en guise de représailles aux tirs de roquettes palestiniennes qui visent le Sud du pays. Selon des témoins, le mur a été détruit à l’aube par des hommes masqués, au lendemain d’une manifestation du Hamas pour protester contre la situation et demander l’ouverture du point de passage de Rafah fermé depuis 2006.
Bien qu’Israël ait déserré l’étau mardi pour laisser passer l’aide, sous la pression de la communauté internationale, les Palestiniens manquent toujours cruellement de produits de première nécessité, d’eau et de pétrole. Ils se rendent notamment dans la partie égyptienne de Rafah pour s’approvisionner à des prix moins prohibitifs que ceux pratiqués chez eux. D’après un témoignage recueilli par l’AFP, le kilo de fromage « coûte 3 shekels (moins d’un dollar) contre 24 (6,5 dollars) à Gaza ».
Les palestiniens « souffrent de famine en raison du blocus israélien »
« La situation a échappé à tout contrôle en raison de l’étouffement causé par le bouclage imposé depuis près de huit mois sur plus d’un million et demi de Palestiniens », indique un communiqué du Hamas. Même son de cloche pour le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas qui estime que cette ruée est « la conséquence du blocus imposé à Gaza ». Si les autorités israéliennes se disent inquiètes parce que les brèches vont « permettre au Hamas de faire entrer facilement des armes et des terroristes en provenance d’Egypte », leurs homologues égyptiens se montrent plus attentistes.
« Des milliers de Palestiniens sont passés en Egypte à travers les brèches créées par les explosions à la frontière. Bien que leur entrée soit illégale, on n’a pas encore décidé quoi faire avec eux », a indiqué à l’AFP un responsable de la sécurité égyptienne. Les soldats qui gardent la frontière ne sont en effet pas intervenus face à cette marée humaine. Une attitude expliquée, plus tard ce mercredi à la presse cairote, par le président Hosni Moubarak qui a déclaré avoir demandé aux forces de sécurité égyptienne « de les (les Palestiniens) laisser entrer, tant qu’ils ne portent pas des armes, pour qu’ils puissent manger et acheter des produits alimentaires et puis retourner chez eux ». Ils « souffrent de famine en raison du blocus israélien » a-t-il également souligné.