Six pays de l’Afrique australe sont confrontés à une sévère famine due à la sécheresse. Le Programme alimentaire mondial est prêt à leur venir en aide. Seul problème : l’organisation onusienne ne dispose que du maïs génétiquement modifié.
« C’est un dilemme moral qui se pose ainsi : oui, nous avons cette nourriture disponible. Vous prenez la décision de ne pas la recevoir. Les gens meurent. Recevoir des OGM est un problème pour les pays en développement, car ils sont très inquiets de la contamination de la viande, si le bétail, les poulets, les porcs mangent de la nourriture génétiquement modifiée en quantité », reconnaît Judith Lewis, directrice régionale du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l’Afrique australe et de l’Est. Confrontés à une sévère famine due à la sécheresse, le Zimbabwe, le Malawi, le Lesotho, la Zambie, le Swaziland et le Mozambique sont très partagés sur l’aide alimentaire. Ils hésitent à accepter le maïs génétiquement modifié, qui provient essentiellement des Etats-Unis.
Les OGM ou la famine
La situation va en s’empirant, le PAM signale qu’il devra fournir en septembre une aide à 9 millions de personnes et à 11 millions en décembre. Les perspectives sont très alarmantes. Grand producteur de céréales, les Etats-Unis pourvoient à hauteur de 50% des besoins du Programme alimentaire mondial dans les situations d’urgence. Mais, selon la directrice du PAM, le gouvernement américain ne fait pas de distinction entre le maïs génétiquement modifié du maïs « naturel ». Les deux sont emmagasinés dans les mêmes silos. D’où la difficulté de faire la distinction.
Les 14 pays de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ont débattu, le 5 juillet dernier, de la question des OGM. Sans pouvoir trancher. « C’est un débat entre le pays donateur et le pays récipiendaire. Et c’est aux gouvernements des pays destinataires de l’aide que revient la décision finale », remarque Judith Lewis. Le dilemme ressemble étrangement à un chantage. Soit les pays acceptent le maïs transgénique, avec ses conséquences inconnues, soit ils refusent et leurs populations risquent de mourir de faim. À moins que le PAM réussisse à trouver des aliments « naturels », ce qui semble exclu pour le moment.