A ceux qui croient et disent que l’Afrique se meurt victime de la
misère, de la corruption et de la mauvaise gouvernance, nous ne saurions trop conseiller de lire le pavé que vient de jeter dans la mare de la bonne conscience occidentale un banquier africain, et non des moindres puisqu’il s’agit de Lionel Zinsou, l’un des associés-gérants de la très réputée Banque Rothschild.
A ceux qui croient et disent que l’Afrique se meurt victime de la
misère, de la corruption et de la mauvaise gouvernance, nous ne saurions trop conseiller de lire le pavé que vient de jeter dans la mare de la bonne conscience occidentale un banquier africain, et non des moindres puisqu’il s’agit de Lionel Zinsou, l’un des associés-gérants de la très réputée Banque Rothschild.
Petit extrait en forme de gifle adressée aux Français : « La gauche
pense que l’Afrique végète et qu’il faut faire un effort de générosité ;
la droite part du même constat pour prôner des solutions libérales. Tous
nous trouvent nuls. La réalité est que l’Afrique atteint 5 % ou 6 % de
croissance pendant que la France est à 1, 8 %. En jetant ce regard
misérabiliste et compassionnel sur l’Afrique, la France se rassure
elle-même. Elle a besoin de penser que l’Afrique ne va pas bien. Pendant
ce temps, les gens de Dubaï, les Indiens et les Chinois ne nous disent
pas que nous ne sommes pas entrés dans l’histoire : ils commercent avec nous. »
Petit extrait seulement car le texte de cette interview, titrée
ironiquement « L’Afrique vous salue bien », couvre une page entière de
l’édition du quotidien Le Monde parue en France le 1er octobre. Le
tout accompagné d’une caricature de Vincent Sardon où l’on voit un
Africain balayer les scories de la domination européenne sur fond de
cadavres, d’armes et de barils de pétrole, faisant ainsi apparaître un
continent neuf.
Une vision dangereuse
Cruel mais juste ! Car, nous en faisons ici même l’amère constatation
tous les jours, les Occidentaux ont de l’Afrique une vision aussi fausse
que dangereuse pour leurs propres intérêts. Ayant été contraints il y a
près d’un demi-siècle de laisser leurs colonies devenir des Etats
souverains, ils cherchent toujours à le dominer par le biais de l’aide au
développement, utilisant sans vergogne les institutions financières
internationales pour parvenir à leurs fins. Et cela au moment même ou
des puissances qui ne nourrissent pas les mêmes obsessions font de
l’Afrique leur partenaire privilégié.
Ce que Lionel Zinsou ne dit pas, sans doute par courtoisie, mais que
l’on peut lire aisément entre les lignes de son interview, c’est que la
bataille est d’ores et déjà perdue pour le coq gaulois. Comme pour les
autres animaux symboliques européens car le continent a désormais
d’autres interlocuteurs qui ne cherchent pas à lui imposer leurs modes
de vie et de pensée. Le monde changeant à un rythme rapide, il reste en
vérité très peu de temps aux responsables politiques donneurs de leçons, à leurs médias vertueux et à leurs ONG bien pensantes pour changer radicalement d’attitude. Car l’Afrique a compris qu’elle peut très bien se passer de l’aide occidentale.
Pan sur le bec donc !
Source : publié le 3 octobre 2007 par Les Dépêches de Brazzaville