Les nouveaux visages de la précarité en Algérie


Lecture 2 min.
arton11154

Une citoyenne s’est présentée à la rédaction d’El Watan pour relater une histoire qu’elle croit bon de partager avec les lecteurs. Au CHU Mustapha Bacha, elle rencontre un vieux SDF (L.M.) âgé de 71 ans en désespérance. Il n’hésite pas à lui ouvrir son cœur et lui raconter son parcours d’errance et ses longues nuits glaciales passées sous les ponts d’Alger.

En arrivant à l’hôpital (les urgences), on lui prête une chaise roulante et on le parque dans un coin à moitié nu, livré au froid et à la famine. Mais ce qui est choquant, dira-t-elle, « c’est l’absence de l’assistante sociale qui doit avoir dans ce moment précis un rôle d’écoute et de soutien.

J’ai décidé de me présenter au commissariat du 8e où j’ai été reçue par le commissaire qui a signé une réquisition pour l’emmener dans un foyer. Arrivé au SAMU social de Dély Ibrahim en compagnie des policiers, les responsables de cette structure ont fini par l’accepter à condition toutefois de ramener ce qu’ils nomment le nécessaire (couvertures) ». Elle continue son témoignage : « Faute de moyens et jusqu’à ce jour, ce pauvre monsieur reste sans foyer fixe, toujours en proie au froid et à la précarité ».

Au SAMU social de Dély Ibrahim, elle découvre « des conditions de vie affreuses ». Ce comportement nous démontre que nous vivons une décadence et une crise. Il ne suffit pas que chacun de nous se contente de proclamer de beaux principes, il faut aussi et surtout que chacun s’efforce d’être véritablement fidèle aux valeurs dont il se réclame. Elle dénonce certaines dérives où la vieillesse n’est plus vue qu’en termes « d’inutilité et de contraintes ». Les SDF sont des exclus qu’on finit par ne plus voir.

Lorsqu’on les interroge, les personnes âgées déclarent en général que c’est chez elles qu’elles aimeraient continuer à vivre. Elles veulent préserver un environnement dans lequel la personne a ses repères, ses souvenirs, les traces de sa vie et son tissu social. Nous vivons une époque trouble : repli sur l’espace privé, estompement des solidarités sociales et affaiblissement des structures familiales.

Cette citoyenne qui n’a aucun lien de parenté avec le vieux SDF, visiblement abandonné par les siens, a voulu partager avec L.M. des tranches de vie mais aussi des tranches de rêves…

Kamel Benelkadi, pour El Watan

Avatar photo
LIRE LA BIO
El Watan, signifiant "La Patrie", est un quotidien algérien francophone fondé en 1990 par d'anciens journalistes d'El Moudjahid. Reconnu pour son indépendance éditoriale, il s'est imposé comme une voix critique face aux défis politiques et sociaux de l'Algérie. Au fil des décennies, El Watan a su diversifier ses contenus en proposant des suppléments économiques, immobiliers et culturels, répondant ainsi aux attentes variées de ses lecteurs. Malgré les pressions et les tentatives de censure, le journal a maintenu son engagement envers la liberté d'expression, devenant une référence incontournable dans le paysage médiatique algérien. Aujourd'hui, El Watan continue d'informer avec rigueur et objectivité, tout en s'adaptant aux évolutions numériques pour toucher un public toujours plus large
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News